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Quand au beau milieu de mes vacances j’ai reçu un mail de plus me proposant de chroniquer un disque, je ne pouvais imaginer que parmi ceux ci, un déboucherait sur un cadeau, quand le jour du retour avait sonné, et que la crème solaire pouvait garnir l’étagère des produits à l’utilisation éphémère. J’avais encore du sable dans mes kickers que déjà je faisais résonner les premières notes de ce petit miracle audio et visuel, que je me garderais bien de nommer compilation, tant celui ci me ramène à nos travaux sur ADA qui sont à côté de « Songs From Another Room » d’aimables regroupements de titres à des fins promotionnels.

Déjà ici tout est inédit. Les chansons sont des offrandes qu’il faudra prendre comme telle, comme si un soir votre grand père vous offrez une montre à gousset, sentant qu’il était temps pour lui de doucement passer la main. Ensuite l’ouverture d’esprit et donc de style tient à la fois de la cascade quand on s’attarde sur la liste des musiciens, et du miracle, tellement tout cela s’enchaine presque avec évidence (ceci est plus vrai sur le DVD que sur le CD, l’ordre des deux n’étant pas le même, un petit piège glissé ? ). Et oui il y a le DVD, en plus des chansons, celles ci sont offertes à la maestria d’adeptes de l’image. C’est par ce biais que je vous propose de faire le tour d’un propriétaire, juste dans la pièce d’à côté, avant de vous laisser rentrer dans l’autre, celle du ravissement

C’est « In A Sence Of Conformity » de A.P. Witomski qui ouvre le bal. Ce morceau digne du meilleur de Depeche Mode est magnifié par le noir blanc, décrivant un enfant sauvage dans une forêt qu’il semble arpenter avec un frère, un père….avec poésie en tout les cas. C’est un bestiaire marin très coloré qui illustrera la pop song de Sutja Gutierrez, une pop comme on en fait que très rarement. C’est avec Les Filles Et Les Garçons que nous visitons le Pays Basque. Un homme a la tête recouverte d’une structure cubique va de Biarritz à la rhune, de Saint Jean de Luz à la tombe de Luis Mariano, le tout dans une électro pop qui exhumerait certaines pistes de The Notwist laissées pour le compte. Nous nous régalons de cette exhumation. Le Musée du Louvre est l’unité de lieu de « Lone » de R. Stevie Moore. Les images sont saturées, rien n’est ici très clair, sauf la beauté de l’instant. Pour trouver un de mes gros coups de cœur il faudra aller écouter l’électro pop sautillante et charmante de « You Wanna Sing » de French Cowboy. Dans les rues de Nantes un groupe de jeunes femmes sont libres, seules (le clip était tourné aux aurores) jolies. On retrouve la beauté d’un clip de Deus et on peste que la terre entière ne se soit pas levée au moment pour répondre, pour communier. Un titre addictif à vous occuper la tête toute la journée, à vous rendre heureux.

Après la ville déserte retour à la campagne avec « Modern World » de St Augustine . Ce sera par le biais d’une Folk song illustré par une chaise en paille. Saint Augustine ne voit pas le temps passer, alors il décide de la figer dans quelque chose d’intemporel, jouant avec les couleurs, les styles et avec notre mélancolie comme un fardeau sympathique. C’est une camera super 8 qui sera l’héroïne de « Slash The Night (Version1) » de His Clancyness. Elle nous offre des films de vacances d’un autre temps, un tour du monde de 3 minutes. La musique de His Clancyness se prête à merveille à ces escapades naïves, juste là pour témoigner de l’instant. Cette chanson à une tonalité presque DIY prend une ampleur rare.

Pour Marc Desse que j’ai découvert avec bonheur le temps d’une session dans l’excellente émission Planet Claire d’Aligre FM, les 80’s ne sont pas des années de vaches maigres dans la musique, mais celles de l’avènement d’une pop électro (jeter vous sur « Frenchy But Chic ») de Daho à Jacno. La mise en image est bourrée de clin d’œil à cette époque, le duo s’invite, entre dans l’image (Jacques Demy semble fait pour eux) sans que la supercherie soit une gageure, mais là plutôt un atout poétique.

C’est à Lozninger que reviendra la lourde charge de clore le dvd, et pour celui ci il offrira un de ses plus beaux morceaux. Une mise en image qui n’est pas sans rappeler les dessins animés Tchèques dans années 70 et les collages des Monty Python. Un morceau d’une amplitude cachée rare.

Maintenant vous pouvez rentrer, vous procurer cet objet qui rendra la rentrée moins monotone. Un disque à découvrir absolument.

PS : tellement gâté , que j’en oubliais de vous dire que 9 dessins accompagnent ce bel objet.