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Mystérieuse, fascinante, lumineuse mais attirée par l’ombre, Lana Del Rey est-elle plus qu’une une apparition, qu’une wannabe Jackie Kennedy indie ?

Jackie Kennedy, qui fut rebaptisée par la presse à scandale Jackie O après avoir refait sa vie avec l’armateur grec (et sulfureux milliardaire) Aristote Onassis.

Un destin fascinant, mystérieux et attiré par l’ombre. Comme une torch song empoisonnée par les tragiques émotions d’une vie à tiroirs.

Un ombrageux groupe de free folk compagnon de route d’Animal collective en a d’ailleurs tiré son nom : Jackie O’Motherfucker. Et dans ce groupe œuvrait Natalie Laura Mering, qui allait devenir quelques années plus tard Weyes Blood.

A elles deux, Lara et Natalie sont les héritières les plus en vue de cette tradition américaine de chanteuse interprétant des chansons comme certaines et certains prient une divinité pour voir leurs rêves exaucés.

Mais en femmes libres et contemporaines, elles en offrent une version affranchie (d’une partie) des clichés inhérents au genre.

Alors bien sûr il y a des océans de choeurs, du grand piano en veux-tu en voilà sur Did you know that there’s a tunnel under Ocean Blvd.

Mais il y a en plus de ce cocktail attendu cette larme de poison mêlée aux larmes tout court, qui empêchent peut-être ces chansons de devenir des hits immédiats capables de détrôner Céline Dion, Beyonce ou Taylor Swift des premières marches du podium Spotify, mais qui les rendent si fascinantes et personnelles.

Écoutez Candy Necklace et sa ligne piano citant Erik Satie et John Lewis, vous ne serez pas déçu du voyage (de nuit, en Californie). Écoutez Peppers avec Tommy Genesis et son feeling quasi Lo-Fi / Beat Scene angeleno, vous ne serez pas déçu du grand écart, un pied à Hollywood l’autre à Venice Beach.

Le mythe que Lana Del Rey se construit, aussi fascinant soit-il, ne doit pas vous éloigner de sa musique, surtout si l’Amérique continue de vous fasciner/terrifier.