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Chaque chroniqueur connaît ce dilemme plus ou moins régulièrement : que faire des albums produits ou enregistrés par des copains ? Gonzai en a même fait un article, c’est dire si cette question peut être récurrente chez ceux qui aiment parler des musiques qui les font vibrer tout en n’ayant pas envie de passer pour des obligés par l’amitié.

En lançant la première plage de "Sternentheater", le dernier opus de Julien Thomas, je me suis posé cette question. Julien Thomas est un compositeur manceau, féru de rock planant ou progressif, très influencé par les années 70, celles de sa jeunesse. A lui seul, il constitue une encyclopédie sur le rock sarthois et son histoire, ainsi que sur les différents genres et obédiences des seventies. Il est aussi écologiste, et s’engage à reverser tous les bénéfices tirés de ses nombreuses productions à Oxfam, l’association de solidarité internationale. Et c’est un ami depuis que j’habite au Mans.

Bref, vu le portrait, difficile de parler de manière neutre de sa musique. Que j’ai découvert avant lui, par le biais de "Look Both Ways", un album inspiré par ses trajets à vélo dans la ville des 24 heures auto, moto, camion et, aussi, vélo, car, oui, cela existe. Cet album, déjà, était très influencé par Pink Floyd, mais aussi Kraftwerk, groupe auquel la pochette rend hommage. Dans cet album concept, on retrouve des bruits de sonnette, de bus qui frôle les jambes, de klaxon, de moteur de camion, de coup de frein, de mouvement du pédalier ou encore de chaînes de vélo, de pignons, de dérailleurs. Un univers qui ne déplairait pas à Matthew Herbert et ses multiples collages sonores.

Dans "Sternentheater", littéralement "le théâtre des étoiles", il n’est plus question de petite reine, mais de planer, de nuit probablement, au milieu d’astres plus ou moins physiques. Dès le début du premier morceau (l’album en contient deux !), des petits cliquetis difficiles à identifier viennent habiller un nappage de synthétiseurs planants. L’auditeur est directement plongé dans la contemplation cosmique. Et celle-ci durera tout le temps de l’album, un voyage auditif des plus confortables bien que troublant. Il y a d’ailleurs des surprises par moments. Par exemple, après 30 minutes à flotter gracilement, une voix sort de nulle part. Magnifique, mélange délicat entre Mark Hollis et Robert Wyatt. Grâce à elle, une autre ambiance se fait jour, plus lumineuse, apaisée. Quelques phrases, un rien, juste une légère touche d’humanité au milieu de la nuit imaginée.

Dans l’univers de Julien Thomas, l’apaisement dure malheureusement rarement. Et on revient très vite dans les abîmes de bleep et autres boucles qui nous replongent dans une sorte de transe méditative modernisée par l’instrumentation électronique. A la fin du disque, au bout de 47 minutes offertes à la rêverie et aux étoiles, le retour à la vie de tous les jours, ses bruits urbains, ses obligations professionnelles, son rythme bien trop rapide, n’est pas facile. Alors, l’envie de recommencer l’écoute de "Sternentheater" au début est forte !




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