« Des chansons d’amour tristes et stupides ». Lorsqu’il s’agit de se présenter, My Silly Lifestyle fait preuve d’un humour teinté de dérision, caractéristique des esprits sensibles et néanmoins lucides. Mais comment pourrait-il en être autrement lorsque l’on revendique des influences telles qu’Elliott Smith, empereur du spleen pop à la funeste destinée, ou Chokebore, les Hawaïens les moins solaires de l’univers ? Le premier EP de Thierry Jourdain, publié sous format cassette par les marseillais de Ganache Records (Avenoir, Johnny Mafia, Off Models), ressemble au genre de disque que l’on compose après une rupture : tristesse et soulagement se mêlent, mais également folle envie de lâcher les chevaux, en reprenant à la sauce Tranxene le Dancing Queen d’ABBA. On ne connaîtra pas les motivations qui préludèrent à l’enregistrement de See You Around, mais le Rouennais – fondateur du micro label K7 Équilibre Fragile, à l’initiative de la revue papier du même nom, également auteur, aux éditions du Camion Blanc, de biographies consacrées à Bruce Springteen et Slowdive – a invité du beau monde : Baptiste Dosdat (Batist & the 73’), Rémi Foucard (Tim Glass), Thomas Dubois (SagDig), Sébastien Rault (Maarten), Antoine Cottret (Yallin) et – la boucle est bouclée – rien de moins que Troy Von Balthazar, chanteur de feu Chokebore. Ainsi, en sept titres très mélancoliques, aux arrangements aérés et aériens, parfois teintés de slowcore (To The Bones) ou évoquant Will Oldham (My Heart Is Black), My Silly Lifestyle égrène avec une élégance non dénuée espièglerie (le mood early Palace Brothers sur la relecture de To The Bones) des états d’âme que par empathie l’on espère passagers, mais (égoïstement) pas trop passagers non plus : les meilleures chansons se nourrissant des bobos au cœur, jusqu’à la publication d’un double album, My Silly Lifestyle sera interdit de bonheur. Alors, au boulot !