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L’officielle éclosion Lana Del Rey, en 2011 avec l’EP « Video Games », s’apparentait à un moment pas si fréquent au cours duquel l’auditeur, avant de se répandre en louanges aveuglées, aurait mérité de calmer ses ardeurs et de patiemment envisager la possible (ou non) confirmation de l’artiste susdite. Car si la paire « Video Games / Blue Jeans » laissait entrevoir une voix, une ambiance (osons le cliché en écrivant « lynchienne ») et, heu, une belle anatomie, c’était avant le buzz… Logiquement portée au firmament des prochaines étoiles hollywoodiennes (comme Whitney Houston, quoi), la jolie Lana rassurait (un peu) sur la faculté des majors à (parfois) repérer les talents en or. C’était sans compter sur l’arrivisme de la demoiselle…

Icône avant l’heure, next big thing pour tabloïds, LDR se vautra comme une grande dans « l’album hyper commercial tendance NRJ / Ouï FM ». Plus qu’une trahison à l’égard des originels curieux (« Video Games », toujours), le surproduit « Born To Die » voyait la pauvre Lana se perdre dans une électro indigente, mercantile et façonnée selon des standards parmi les moins intéressants de l’époque. Succès public, certes, mais reniement de la fibre rock (sa première fanbase, tout de même)… Du coup, probablement entourée d’excellents conseillers marketing, LDR, après une ressortie mea culpa de son « Born To Die » en version moins guimauve (sans pour autant casser l’image d’un disque unanimement considéré comme « raté »), tenta de se raccrocher au wagon de l’indie-pop.

Deuxième album, « Ultraviolence » ressemblait à une parodie auteuriste : ambiances creuses qui voulaient indiquer l’inverse, chant très mis en avant au service de propos assez ados, production voilée mais néanmoins calculée dans le seul but de redorer le blason terni de Lana auprès des lecteurs « NME / Magic »… Ni sincère, ni digne : « goodnight and thank you » chantait Morrissey sur la b-sides « Disappointed » (beau message prophétique).

En 2015, avec l’EP « High By The Beach », Lana Del Rey ne donne toujours pas le moindre signe d’intégrité ou de générosité à l’égard de son public. Car attention : cette année, LDR balance les jurons ! Sur une musique guindée, la fille explique à son mec (probablement fantasmé) que « You could be a bad motherfucker but that don’t make you a man » (en gros : t’es pas cool avec moi donc tu la possèdes petite). Pourquoi pas ? (de Courtney Love à Suzanne Vega, les rancœurs féminines donnent parfois de belles chansons). Sauf qu’ici, impossible d’y croire : le propos semble trop flou, trop réfléchi d’un point de vue médiatique, trop « je casse mon image de petite reine »… Lana Del Rey n’écrit qu’en fonction de la popularité : pas mieux, en effet, qu’un docile emploi des mots « motherfucker » et « bullshit » pour donner la fausse impression d’une chanteuse en osmose avec son public ; une chanteuse qui souffre elle aussi ; une chanteuse qui vient à peine de découvrir (avec au moins vingt ans de retard) l’utilisation de la crudité langagière dans la pop commerciale (Katy Perry, en écoutant ce genre de minauderies, devrait se rouler par terre de rire).

En bref : « High By The Beach » (et son inexistante face B nommée « Honeymoon ») révèle toujours le portrait d’une chanteuse qui cherche à plaire (coûte que coûte), docile et serviable face aux conseils artistiques de son label… Définitivement, Lana Del Rey ne sert à rien ni personne. Lana Del Rien ?