Bien, soyons logique et ne mentons pas, je ne mens pas, du moins sur ce genre de cris, je ne mens pas quand je suis en colère, mais que je trouve un moyen de me donner toute la raison. Comme vous savez peut être, ou peut être pas, mais que vous allez le savoir, je vis a Madrid, Spain, par là, dans une ambiance de fiestas qui intéresse medias et finances, car qui danse une merde de reggaeton oubli qu’il a les poches vides, où qu’il les a vidé au comptoir de disco bar, et balance sur rythme latino sa fièvre douloureuse de vouloir encore quelque part être le macho, l’ibère orgueilleux, l’empire de Carlos V, il est ici autant ou bien plus difficile de percer sans faire danser en séismes les derrières en balançant des phrases surfaites de dragueurs de plages, colliers d’ors et casquettes xxs sur toison gominée. Ici les radios souffrent les remplissages des comptes bancaires sur les réitérées et infâmes rhétoriques a deux francs six sous de Pitbull et une flopée de jeunots vous toisant comme si ils avaient survécus a plus de faites enfarinées que les Rollings (en s’inquiétant bien peu de savoir qui sont ces Stones tout en serigraphiant leurs lèvres archi-connues sur leurs faux t-shirts Dolce y Gabana). Si peux sont ceux qui survivent a ces sables mouvants et persévèrent dans le gout, simplement le gout, et le fait d’aimer la musique et non l’argent de la musique (je prépare d’ailleurs une chronique sur Neil Young qui leur ferait de grands bras d’honneur, lui, lucide et monumental). Los planetas, Russian Red, Ivan Ferreiro, love of lesbian et d’autres qui ont émergés dans la douleur de l’underground hispano-parlant où tant d’autres savent qu’ils hiberneront, ne sont que grain de poussière dans une décharge publique. Sans vouloir me faire le rare (d’autres se réveillent comme moi), je gratte cette couche économico-bouffe, je m’en fous avant que d’en être malade, et surtout, surtout, je me réjouis quand des gars comme Baltazar viennent redonner foi au pelerin criblé de doutes. Baltazar n’est pas espagnol, mais le latin est nation, Baltazar est un groupe mexicain, ce qui doit être encore plus dur, car là il faut jouter contre une culture. Et Baltazar joue les fantômes sur la red, intrigant, sortant une chanson par ci par là, des thèmes denses, surchargés, plombés, dans un espagnol quasi incompréhensible, grave et profond. Baltazar est à ce jour un mystère. L’Amérique du sud est pauvre en ces lares musicaux, Soda Stéréo puis Ceratti le défunt argentin, Cuarteto de Nos en Uruguay, une époque inspirée des chiliens de La Ley, et peu de choses à mâcher (j’ôte de cette liste les « Mana » et autres marionnettes, et non, Enrique Iglesias chantant slow ne fait pas du rock. Baltazar est une entité certes spectrale de membres de groupes variés se retrouvant par gout du noir et de vieux cinés devant des thèmes fantastiques, pénétrants et envoutants, une folk gothique. Cesar Garduño, Juan Pablo Corcuera, Roberto Agredano et Luis Eduardo López ne cherchent pas a se cacher, mais aime cette manière de produire, a petit feu, en surprenant dans le temps les oreilles qui se perdent dans les bois de nos réseaux sociaux, comme narguant le besoin de produire et la nécessité de remplir le self business de trop plein. Baltazar est atmosphérique et atmosphère, seulement découvrir leurs clips donne le ton de leurs travaux, des plages accumulées, froides et sombres qui survivent par cette touche légère de dream, de folk, cette pointe de chaleur latine qui dore les fonds d’églises, ces paysages de caméras curieuses et cette voix sensible a la part qu’iceberg. Peu de chansons pour juger vraiment du talent ? Il y a-t-il vraiment besoin d’une production industrielle pour refléter l’humain ? Duele est hypnotique comme la vue du sang qui fuie, Vicio, Imperio, sont marches funèbres dans des fêtes foraines. Il y a donc pour ces gens là qui ne vont aux bars car ils ne savent pas trembler du derrière comme chiens en chaleurs et qui savent reconnaitre une noire d’une blanche en citant les musiques qui les ont émus dans leurs jeunesses et non la marque de la montre baroque truffée d’or et de symboles de dollars, il y a dans les lieux dits latins des musiciens qui saignent sang et sueurs pour ouvrir ces fiestas a d’autres images.