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On n’aura pas assez de mots pour qualifier le nouvel album de Low. C’est au April Bases Studios de Justin Vernon (Bon Iver), à Eau Claire (rien que le nom du bled est tout un poème), dans le Wisconsin, que le trio Alan Sparhawk, Mimi Parker et Steve Garrington a enregistré ce magnifique, sombre et automnal onzième album d’une discographie débutée en 1993. Produit par BJ Burton, Ones and Sixes compte douze titres renversants.

L’instrumentation électronique des titres et les deux voix mêlées en font un objet oscillant entre le rock indé et le folk, et un poil d’electronica. Mais c’est surtout les voix de Mimi Parker et Alan Sparhawk qui permet aux titres de s’envoler très haut, dans des ciels agités, comme si le groupe survolait des mères agitées, des plaines balayées par des bourrasques de vent (c’est que m’évoquent les titres No Comprende -premier extrait dévoilé en juin et qui donne le ton- ou encore Lies, une interprétation toute personnelle, j’en conviens), des villes surprises par des bourrasques de pluie (le troublant morceau Landslide). L’un après l’autre, les titres de Ones and Sixes invitent à une danse nerveuse, inquiète (comme avec le titre Kid In The Corner, par exemple, saccadé, aux sonorités originales mais jamais superflues). C’est un monde vaste à découvrir que ce Ones and Sixes. Le titre DJ clôt avec le minimalisme et la grâce habituelle du groupe un album qui sera à placer en bonne position dans la liste des meilleurs albums de 2015.

Sur la pochette grise, une branche noire sans feuille. Épurée, un poil sinistre. Un design efficace et sans chichi (oui, ce n’est vraiment pas ce qu’on peut dire du groupe et cet album. Ils ne sont définitivement pas dans le superflu). Low mérite une meilleure place au sein de la famille indie et convainc une fois de plus avec cet album réussi de bout en bout. Les prestations scéniques laissent souvent le public frémissant d’émotions, et les membres du groupe entament pour la promotion de Ones and Sixes une tournée américaine et européenne (en octobre à Tourcoing et en novembre à Paris). Ceux qui ont suivi le groupe depuis ses débuts et le virage Sub Pop en 2004 ne pourront qu’apprécier Ones and Sixes.