C’est un drôle de bestiaire qui nous est présenté ici par Mariella Modonese aka Miriam. Parenthèse, si vous lisez ce webzine avec la gourmandise d’un enfant les mains dans un sachet de crocodiles, vous reconnaîtrez ce nom de Modonese. Mariella n’est autre que la fille de Fabrizio Modonese Palumbo, entre autre maître de Larsen(r), auteur du fantastique Titan Arum (Cheap Satanism / Delete Recordings) paru en 2021. C’est tout naturellement que Mariella a confié la production de son Sing a Beast à son fils, les deux se partageant une moitié presque équitable d’instruments.
L’album est composé de 10 morceaux. Ils traitent d’animaux anthropomorphes, très loin des standards distribués par Disney, ayant une approche plus proche de Yoko Ono ou des adeptes du field recording, que dans la soif effrénée de la transmission par l’abrutissement. C’est pourtant par un morceau quasi prokofefien dans la traduction par le son du mouvement que le disque s’ouvre, celui de l’arrivée de sa majesté la girafe (Arrivano Le Giraffe). Il y a quelque chose de presque enfantin qui va vite s’atténuer avec ce Sleeping Beauty qui ne cherche pas son prince charmant, mais plutôt la marche féline d’un compagnon aguicheur mais pas réducteur. S’en suivent des vignettes (l’espiègle Tartarughe Serenade, la joyeuse Capybara Dance, le musical battement des ailes de My Piegeons, la marche impériale du Barracuda) et des morceaux à la construction plus affirmée comme ce Formichiera en escalier, des pièces tout en ironie douce et solaire (The Pangolin Day), des échappés piquantes avec Fabrizio en porc-épic bonhomme le temps d’un échange mère-fils tout en onomatopées (Istrice Serenade) ou bien encore pièce monumentale de plus de 13 minutes pour des ébats dans un triangle aux mystères insolubles (Sex in the Sargassi).
Aussi fantasque qu’intriguant, ce bestiaire halluciné donne vie et corps à une faune en danger, non pas comme un dernier sacrement, mais plutôt comme une sucrerie qui en créant l’appétence entraînera le désir de ne pas fuir nos responsabilités. Animal song.