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Cas d’école. Ronan Malo semble n’en avoir rien à foutre de rien, mais continue d’égrener ses ritournelles désabusées et néanmoins jubilatoires (ou l’inverse) sur Internet : au moment où j’allais – après trois litres de bière (journée de bureau lobotomisante = je mérite) – me mettre à bosser sur la chronique du nouveau BC Camplight, je me suis demandé ce que devenaient les camarades du collectif Entre-Soi (Sarah-Maï, Pasta Grows On Trees, Attention Le Tapis Prend Feu, plein de bons trucs, etc.), et là je vois que Mac Thenardier a sorti un nouvel album : dans un premier temps je suis content de retrouver ce raconteur hors-pair (l’anecdotique est son royaume touchant – ce qui rend son œuvre universelle ), puis je me dis que zut, cet ***** aurait pu me prévenir, sachant que je suis le SEUL chroniqueur sur terre à louanger ses comptines bancales jouées au clavier à deux doigts, et que je me suis même fait suer à convertir mon entourage au charme discret d’un minimalisme qui raconte beaucoup tout en ménageant ses effets. Franchement, quelle ingratitude !!! Vous me direz, l’on n’évoque pas des disques pour se faire mousser, sauf à souffrir du syndrome Patrick Eudeline / Nick Kent, toutes références qui échapperont certainement à notre millénal délicat contempteur d’un présent abreuvé d’absence de soi. Ronan Malo, tu ne me mérites pas. Et je ne te mérite certainement pas non plus, toi qui dois barouder dans les terres désolées d’Instagram et autres TikTok, que je ne pratique pas : soyons équanimes, peu importe ton indifférence à mon encontre, ton nouvel album m’a profondément réjoui. Dès l’inaugurale et émouvante Encore Une Semaine (boîte à rythmes monocorde, claviers bouclés, planant), ma colère (relative) s’apaise : je te suivrai jusqu’au bout du monde, et tant pis si ce monde s’arrête aux portes de Toulouse, où je n’ai jamais mis les pieds – feutré et néanmoins entraînant, l’entêtant Combien de Temps, et Combien de Distance narre ton installation dans la Ville Rose, doutes y compris. L’on y retrouve les marqueurs attendrissants de l’œuvre de Mac Thenardier, douceur inquiétante, gimmicks entêtants et sens de la concision – les mots semblent hésitants mais toujours visent juste. Le reste est évidemment à l’avenant, entre collages sonores (Ma journée avec Baptiste et Giovanni), rengaine chouchou à l’intitulé charmant (Tu m’as offert des fleurs) et baston électro cheap (Je t’écris). Mis bout à bout, les disques de Mac Thenardier racontent non seulement l’histoire d’un individu aussi lambda que nous (après des années de galère sentimentale, il est amoureux et cet amour paraît enfin réciproque), mais également celle d’un musicien qui s’épanouit, malgré les doutes qui le traversent. Dans l’épilogue Quand je Vivrai à Paris, qui narre une installation à venir en la riante Lutèce, Ronan nous invite à le solliciter, pour tout et n’importe quoi, déménagements tout autant qu’apéritifs, sachant que ses aventures mi-figue mi-raisin finiront en chansons : « Un chroniqueur bourré est venu sonner à ma porte, il est aussi beau que Keanu Reeves, j’ai peur qu’il me pique ma meuf ». J’ai hâte d’entendre ça, pas vous ?




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