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N’ayant jamais été fétichiste, je ne l’ai pas gardé, mais je le regrette presque aujourd’hui, ce billet SNCF. Ce jour de 1992 où je pris un train de Soissons pour Paris, uniquement pour me rendre chez un disquaire et m’acheter « Billy the Kid » troisième opus de Kat Onoma. Je l’ai usé ce disque, le soignant pour la faire durer, scrutant la moindre trace de peinture qui se serait enlevé du boîtier crystal sur lequel Kat Onoma était inscrit façon pochoir réalisé par un graphiste de rue (que dire du livret, un des plus beaux que je connaisse ).

J’avais découvert le groupe le temps d’une énième nuit sans sommeil, regardant les clips qu’M6 diffusés après minuit, sorte de prolongement à mon rendez-vous radiophonique avec Bernard Lenoir. La chanson, c’était «  The Animals » tirés de Stock Phrases, et le clip m’avait comme hypnotisé. J’ai alors programmé chaque nuit l’enregistrement des clips, guettant la rediffusion, faisant de mon magnétoscope mon Indiana Jones à la recherche du Graal.

Quand « The Gun » arriva deux ans plus tard, le choc sera tellurique, esthétique, quasi-shamanique, je sentais que quelqu’un me parlait, et que j’étais un privilégié, mon périple ferroviaire s’imposait.

Cette montée à Paris, que je rééditerais pour me procurer «  The Radio Remixes » et « Post-Scriptum to Billy The Kid » (des inédits de ces deux EP se retrouvent dans la réédition.) si elle n’a pas changé ma vie, l’a profondément marquée, car outre la rencontre avec une musique aux antipodes de ces contemporains, outre l’offrande d’une concurrente supposée de mon épouse, du recueil de Jack Spicer aux éditions Fourbis, la source d’inspiration de cet album, « Billy The Kid » a bousculé mes certitudes d’inrockuptible réfractaire au rock français.

Ne souhaitant pas faire voler en éclats l’étiquette rock intello que la presse spécialisée collait sur les disques du gang de Rodolphe Burger, je me suis toujours vu comme le passeur à une petite échelle, de ces chansons tout en animalité (The Gun) en sensualité (Will You Dance ?) , laissant toujours le mystère s’épaissir (The Trap) en tentant de le découvrir (ferais-je un jour le tour de « Mémo », de « The Populars » ?).

« Billy the Kid » est une pierre angulaire du rock d’ici un disque qui trente ans après n’a pas pris une ride, plaçant Kat Onoma bien plus que sur la carte du rock français, devenant l’ambassadeur mystère, qui rapproche encore plus ceux qui le savaient depuis le début. Un secret trop bien gardé ressurgi du passé. « Tout en délicatesse, et sensibilité, personne ne prendra son arme ni n’effacera leurs ombres ». B. the K., I love You




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