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Alors qu’en France nous nous gossons pas mal des interventions publiques du Président de la Confédération helvétique (soit dit en passant, c’est hilarant) nous pouvons dans le même temps avoir un brin de jalousie à l’écoute du duo Anita Rufer and Gabriele De Mario, ou plutôt J&L Defer.

"No Map", ce nouvel album est à la musique ce que la liberté est pour nos vies. Un disque sans frontière (pour le coup le titre du disque est imparable de cohérence) explorant myriades de styles, avec une liberté et une gourmandise appuyés par un talent hors pair. L’absence de carcan laisse souvent craindre le pire, même si un dogme n’est pas non plus un gage de qualité. Ici l’absence de contrainte est un vent fort pour des compositions pas aussi foutraques qu’elles puissent paraitre (l’écoute de Hard Fiction Road suffira à me mettre la chair de poule pour la journée). Les idées sont poussées à l’extrême sans pour autant prendre des virages que nous serions incapables de négocier sans la peur aux oreilles.

Alors on aura la part belle de chercher ça et là les influences, mais cette quête fera place à l’ouverture d’une page nouvelle plutôt qu’à la contamination d’un dico du rock par des marque-pages inutiles. "No map" a la liberté des deux albums de Beck qui suivra la sortie chez Geffen de "Mellow Gold". Dans "Stereopathetic Soulmanure" et "One Foot in The Grave" Beck ne réécrivait pas l’histoire en piochant dans les livres, il piochait dans les livres pour y trouver des pages blanches sur lesquelles il allait pouvoir écrire un nouveau chapitre. J&L Defer avec "No Map" font ce travail du chercheur créateur, animant leur travail d’une volonté de continuer l’histoire (une belle idée en cette période où l’Histoire avec un grand H semble ne plus exister). "No Map" est comme un aimant, nous attrapant par sa mélancolie tendue, ne pouvant résister à cette forme de venin (Johnny Dream), entre piqure d’un serpent et chant d’une sirène à la vibration changeant la fréquence même de notre coeur.

"No Map" est une anomalie heureuse dans ces paysages formatés pour répondre aux attentes des radars qui nous guident, un disque de la perte des repères, un disque qui construit une alternative érudite et poignante à la facilité contemporaine. Un des disques de l’année, à rendre fier un Président loin lui aussi des stéréotypes....Nowhere.




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