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Tout est allé si vite pour Zaho Mélusine Le Moniès de Sagaza from Saint-Nazaire, depuis les maquettes distillées sur Soundcloud, effacées dès lors qu’elle est montée en gamme : trop tard pour choper les démos, il ne restera en guise de témoignages de jeunesse que les souvenirs de ses premiers concerts (pas mal, on se lance dans le bain avec l’ouverture d’un show de Mansfield. TYA, sans passer par la case PMU à moustache) et l’étonnement qu’elle avait que tout s’embranche aussi rapidement : le succès soudain, je suppose, tel que vécu follement, semble pour elle une surprise sans fin, qui transparaît au travers d’interviews balisés durant lesquels l’on ne cesse de l’interroger sur sa condition de femme (reductio ad girl) et provinciale (reductio ad plouque), merci les journalistes.

Il y a chez Zaho De Sagazan, une spontanéité que j’espère voir durablement préservée, tant ses homologues nourries de féminisme stérile occupent péniblement la place à coups de batailles rhétoriques gagnées d’avance : elle parle avec drôlerie et sans détours de ses addictions ou de sa sexualité, et jamais ne s’affirme comme un parangon de vertu, ce qui est très reposant, quand on est habitué à subir les discours complaisants d’artistes biberonnées à la dialectique misandre.

Bon, c’est quoi le truc si spécial de Zaho De Sagazan ?

Au niveau musical, malheureusement, rien. On peut parler de bouillie électro pop à la Stromae, à base de boucles en sons MIDI (Jean-Gérard Groslip aux manettes) avec lignes de synthétiseurs involontairement cheap, mélodies pauvres comme un dimanche matin de 1929, et un phrasé, oh, le phrasé, entre Camille, le type de Louise Attaque (me souviens plus de son nom) et Jul. Oui, j’exagère, mais c’est tellement décevant. On sent que Zaho a du talent, une personnalité forte et attachante, un timbre de voix très intéressant et qui me paraît sous-employé dans la tambouille instrumentale pseudo-moderne et déjà ringarde qui constitue le socle de La Symphonie des Éclairs. Il suffit d’un morceau aussi simple et sensible que Dis-moi que tu m’aimes pour s’en convaincre.

Zaho, largue la bande de millenials incultes qui te sert d’entourage et parasite ta créativité que l’on perçoit bien plus riche que ce que tu nous proposes aujourd’hui : tu palpites, tu bouillonnes, tu débordes de tout et puis surtout d’amour (ou de manque d’amour), tu as plus de relief, de caractère, de musicalité, de personnalité, que tes congénères (en vrac, Christine And The Queens, Clara Luciani et Pomme), Zaho, ouvre les yeux, tu es un missile racé lancé à toute vitesse sur la pop hexagonale : adios les fantômes fades de la pop !




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