La fréquentation des terres alsaciennes a, ces dernières années, été généreuse en découvertes sonores. En premier lieu les productions de label Herzfeld à l’éclectisme allant de la folk-pop la plus pure de Thomas Joseph à la foudre de Electric Electric en passant par les hybridations plus électroniques de Vaillant ou KG.

Pourtant le premier EP de Sinaïve, 45T sorti il y a quelques mois étaient passé totalement sous nos radars, et c’est donc avec Répétition que le trio formé par Calvin Keller (Guitare / Chant), Alicia Lovich (Batterie / Orgue / Chant) et Alaoui O. à la basse arrive aujourd’hui sur nos platines via un autre label local Antimatière en veille depuis quelques années.

Clairement, le groupe s’inscrit du côté électrisé et noïse du ballon d’Alsace sans perdre de vue une ligne plus légère notamment sur La Straßburg, qui s’ouvre par quelques notes de piano, avant que la force du trio guitare / basse / batterie prenne le relais et que le refrain porté par la voix d’Alicia donne un côté de ritournelle pop-rock saturée des plus entêtante.

Parasite, ensuite, pousse le curseur de la saturation un cran plus loin sur un texte aussi beau qu’inquiétant avant que Métier de vivre installe une rythmique plus calme sur sa première moitié laissant ainsi plus de place à la voix de Calvin et l’occasion d’apprécier le soin apporté aux paroles.

Tout au long du disque, le trio affirme une écriture jouant de l’imagerie d’un ancrage local et ses mythes (de la citadelle strasbourgeoise à la destinée européenne de la ville) au service de textes à la double lecture possible de l’intime au politique, en faisant une arme sonore de choix, voire nécessaire pour affronter ce printemps 2023.

Citadelle / Bis Repetita, au cœur du disque, signe un morceau de bravoure parfait, frénétique & épique montée de puissance de plus de onze minutes d’un post-rock épileptique magistral et dévastateur.

La redescente se fait progressivement via Les Diaboliques, belle balade shoogaze mélancolique et Cela ne fait que commencer, douce et apaisante clôture à cette Répétition, qui nous laisse sur une promesse d’une suite sonore à minima (que l’on attend déjà avec impatience) ou d’un ailleurs possible, un nouvel horizon, qui sait.

En attendant, mode « repeat all » enclenché.

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