Ce disque devait être celui d’Emmanuelle Seigner, fruit d’une collaboration avec les Liminanas. Et pas un concours de circonstance que nous pourrions trouver diabolique, nous voici avec un nouveau groupe, non pas un trio mais un quatuor car le déclencheur de cette aventure aussi tranchante que rock’n roll est Anton Newcombe, qui au-delà d’un simple rêve a vue ce disque comme une aventure presque chevaleresque, faisant se rencontrer des français à la culture anglo saxonne avec un américain épris d’une culture française souvent pesante pour les français eux mêmes.

Ecrites pour Emmanuelle, les chansons de Lionel font l’effet d’être le fuit d’un périple d’un gang dans une Amérique rêvée, entre routes à l’horizon qui s’éloignerait à force de s’en approcher, nous contant des histoires de western moderne, le tout avec cette rythmique souvent lourde et lancinante comme l’une des marques de fabrique de la musique des perpignanais.

Emmanuelle serait comme la Bardot qui enjambait une harley pour séduire Gainsbourg, les cheveux se refusant au vent en lui tenant tête, même quand celui-ci est porteur de l’odeur du succès, du tube presque suranné comme avec « Dreams ». Entre spoken word quand il s’agit de condenser une histoire qui mériterait un roman et chansons impulsives et imposantes quand il est question de la rubrique des faits divers, L’Épée prend à chaque fois une direction tranchée quitte à finir par nous perdre en route quand celle-ci ne s’absout pas d’une forme de monotonie. Mais dans l’ensemble, c’est un adoubement global que ce « diabolique », disque plaisir tarantinesque, alliage entre des mondes qui se connaissent, mais qui en s’unissant ne produisent pas un hybride ersatz de l’international indie, mais un hydre à plusieurs têtes qu’ils vous sera impossible de combattre sans l’Épée. Quelque chose de l’épique dans les grandes plaines américaines et de chevaleresque dans sa conception.