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Fred, mon bon et lointain ami Fred, je finirais par croire que le virtuel si, réellement, permet de connaitre des gens profondément, tout n’est pas que virtuel dans le pixel, comment ne pas y croire quand chaque proposition d’écoute venant de ta part donne dans le mille de mes sensibilités et gouts, et même si je suis d’humeur changeante, tu me fais découvrir au moment juste ce dont j’ai besoin, vrai que tes gouts sont exquis, nul doute, mais les partager avec telle coïncidence est digne de recherche paranormale. Ors donc, a chaque fois que le logo assigné a ton nom apparait sur mon mail, je trépigne (moi qui suis si peu effusif, ma femme m’amène déjà une tisane), sachant que les sons à venir vont me décalquer, me transporter, et surement m’hypnotiser. Vous êtes peux a m’assurer le plaisir sonore avec tant de réussite, aucun tri à faire, comme dans le cochon, tout est bon. C’est un privilège que je savoure, et pourrais facilement saturer de demande, vous sucer les groupes jusqu’a vous vider de musique. Peu importe le style de ce qui débarque dans mon casque, il y a des jazz, il y a des shamans, il y a des super vivants punks et des solistes timides, qu’importe le verre, quand le vin est divin. A quoi m’attendre ce coup-ci, brave toutou remues la queue et sort la langue, impatient, dompté d’avance, méthode Pavlov bien assimilée. Aucune surprise, c’est du bon, du très bon, et je dirais même, de l’excellent. Moi qui aime les perturbations des avions, les pongos des fêtes et les bousculades aux soldes, me voila vraiment secoué, limite chaviré, au-delà du simple plaisir. Ce qui m’est offert est un groupe (cadeau) curieux, somptueux et frais, un essai transformé, une expérience a succès, une surprise agréable, tant et si bien que j’ai commencé a écrire directement presque dadaïste, sans penser, mettre mots a mots, cadavres exquis, a la première écoute, a la seconde, j’ai décidé de prendre du recul tant des détails s’accumulaient au fur et a mesure des réécoutes, c’est au repos, assis, que j’ai fait l’amalgame entre la spontanéité du premier jet et la pause en sagesse des suivantes errances, assis parce que sur cela, on ne danse pas, messieurs dames, on ne danse pas, on voyage, on se trimballe, on vole, immobile. Ork est une machine humaine, un moteur voué d’âme, une mathématique illogique, un petit bonheur de surprenant et surpris, un dialogue insensé, comme nait des délires, qui vire d’un rock a un jazz, d’un classique a un jamais entendu, d’un terrain vierge a tout une citadelle. Ork est un duo, exactement l’alias entre Olivier Maurel au vibraphone et Samuel Klein a la batterie, duo étoffé par de l’ingénierie aérienne d’une foule d’instruments, de sons, comme tants de personnages virtuels venant participer de leurs silhouette a l’hypnose générale qu’engendre ce disque, qui tout d’un coup fascine de sa cadence, et vous enterre sous l’intense surréaliste voix samplée. Prise au piège de l’enregistrement, la spontanéité reste vierge, immaculée, laissant une certaine fraicheur et une certaine douceur qui captive l’oreille même païenne, même étrangère a ces psychédélismes, a ces jams, a ces quasi improvisations qui nous tanguent et nous valsent, et pour autant que la batterie soit maitresse de ces dérives, les milliers et millièmes de sons, aussi fragiles soient-ils, revêtissent l’ensemble d’un aspect humain, la chair entourant l’architecture métallique, la peau sur les poutres d’acier. Il ne s’agit pas ici de bousculer, mais d’emporter, de définir de nouveaux sites panoramiques a nos oreilles, d’expérimenter l’impact des sons, avaliser l’irréel. Ce disque, machine- esprit, n’est certes de ces easy-listening sereins que l’on pose au réveil les dimanches matins pour ne pas gêner le voisin, a mezzo voce, non, c’est un instrument de pénétration, d’intérieur, de profondeur pour les jours d’incompréhensible doute vital, la possibilité latente de se retrouver dans un de ces sons, dans un de ces rythmes, le plaisir aussi, de se perdre, la dérive mélodique, a bon port, toujours a bon port. Outre le don musical qui habite notre duo et qui habille ce disque, il y a ce talent de pousser, d’éloigner, d’illimiter la notion de plaisir d’écoute, et nous permettre de tester nos émotions sur de nouvelles lignes, dans de nouvelles marges, pas qu’un disque pour l’ouïe, sinon un disque pour l’émotion.




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