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Bonnie ’Prince’ Billy nous avait laissé avec son album "self-titled" (http://www.adecouvrirabsolument.com/spip.php?article5059). Juste sa voix, sa guitare.

Une prise de son brute, sans effet, probablement un seul micro, probablement dans son salon.

Distribué seulement lors de ses concerts ou dans quelque boutique de disques vers chez lui (maintenant disponible là http://royalstablemusic.com/acquire/).

Avec Singers Grave A Sea Of Tongues, Will (le petit nom de Bonnie pour les néophytes) reviens avec sa cavalerie pour une relecture (en partie) de chansons de l’album intimiste Wolfroy Goes to Town (2011).

Il nous a habitué à faire des grands écarts.

De Beware (2009) à The Wonder Show of the World (2010) par exemple.

Grands écarts de production et d’arrangements j’entends.

Il fait toujours du Bonnie ’Prince’ Billy.

Ici il reprends 6 titres de Wolfroy Goes To Town accompagné de son fidèle compagnon Emmet Kelly (guitare).

Emmett Kelly joue dans une demi douzaine d’albums de Bonnie (dont Wolfroy Goes to Town).

Il fait partie du fameux Cairo Gang et a joué avec Angel Olsen (qui à suivi Bonnie comme choriste sur scène et qui officie sur le fameux Wolfroy Goes to Town), Joan Of Arc, Lisa Li Lund, Doug Paisley, Joshua Abrams…

Je vous présente le reste de l’équipe :

Mark Nevers :

Il enregistre l’album dans son pavillon / studio de Nashville le Beech House Recording. Mark n’est pas né de la dernière pluie et a monté son propre studio en 1987 où il a enregistré une tripotée de projets : une demi douzaine d’albums de Bonnie Billy, 11 albums de Lambchop, Andrew Bird, Calexico, Hank Williams Jr., Howe Gelb, Lou Barlow, Silver Jews, Vic Chesnutt, Yo La Tengo, j’en passe et des meilleurs et même Lynyrd Skynyrd !

Paul Oldham : Boss du Rove Studio à Shelbyville, Kentucky.

Il a masterisé cet album et joue de la basse. C’est aussi le frère de Ned Oldham et Will Oldham.

Oui ! Will Oldham = Bonnie ’Prince’ Billy, vous suivez ?

Je rajoute que leur maman Joanne Oldham à réalisé quelques dessin et peintures pour des pochettes de Bonnie ’Prince’ Billy et The Anomoanon (groupe dans lequel jouent Ned et Paul).

Ben Martin :

Batteur, il a participé à des albums de Tim Burgess, Lambchop et... Bonnie ’Prince’ Billy entre autres.

Richard Bailey : Il a joué du banjo pour Tom Paxton, Kenny Rodgers...

Billy Contreras : Encore un mec de la clic Lambchop / Kurt Wagner. Lui son truc c’est le fiddle.

Tony Crow : Il a joué des claviers dans Dave Cloud & The Gospel of Power avec le batteur cité un peu plus haut.

Mais aussi dans Lambchop et Silver Jews !

Jedd Hughes :

Il a joué de la guitare pour Sheryl Crow...

Alfreda McCrary / Regina McCrary / Ann McCrary :

Elles font les coeurs sur Turn Blue, le dernier Black Keys et aussi sur le morceau Ultraviolence de Lana Del Rey !

Paul Niehaus :

Steel Guitar pour Calexico, Iron & Wine, Yo La Tengo, Schneider TM, Vic Chesnutt, Silver Jews, et... Lambchop !

Caroline Peyton fait des choeurs.

Chriss Scruggs :

Joue de la mandoline, du ukelele et de la guitar et n’est autre que le fils de Gary Eugene Scruggs, lui même le fils aîné de Earl Scruggs un vieux de la vieille du banjo bluegrass (j’ai une méthode de banjo 5 cordes en vinyle réalisée par Earl !)

Je vois marqué "Layout – Dan Osborn"...

En 1990 Dan monte un label à Chicago avec Dan Koretzky : Drag City.

Et le tigre sur la couverture est de Sammy Harkham qui a déjà réalisé plusieurs couvertures et dos de pochettes pour Bonnie.

La différence entre les versions Wolfroy et les versions Singers Grave ? Les tempi sont accélérés.

Il y a au moins une dizaines d’instruments en plus.

Ce qui donne un effet de gaité à des chanson qu’on trouvait mélancoliques.

Mais là je tranche un peu trop.

C’est juste une impression générale.

La mélancolie est là, bien présente sous le vernie Nevers.

Le vernis Nevers c’est le son et les arrangements.

De l’americana pure.

La voix de Bonnie, devant, très présentes, sans fard, hyper réalistes, réhaussée par les cœurs de Caroline Peyton - dans Quail & Dumplings notamment - dans les moments de tension et d’envolées, voir dans les moment nécessitant plus de puissance, par les soeurs McCrary : Alfreda, Regina & Ann (We Are Unhappy, Whipped, Old Match, Mindlessness). Les guitares / mandolines / banjos / orgues / pianos / violons / basses / steel guitars viennent ensuite, dans leur simple appareil ou presque. La batterie enrobée dans une petite réverbération - sûrement naturelle - vient appuyer le tout.

La mélancolie donc.

Toujours présente au travers de sujets récurants dans sa discographie. Ici on retrouve des thématiques comme le questionnement sur le sens de la vie, sur ce qui fait la valeur d’un homme, la fin du monde d’hier avec la disparition de ce qui nous ratachait materiellement au passé, l’abandon des fausses croyances, la solitude revandiquée, l’indépendance, la liberté.

Je comparerais cet album à Beware (2009).

Au sujet de ce dernier, Gérald De Oliveira, tu as écris : « J’ai maintenant mon disque de Will Oldham pour accueillir mes invités. Étonnant pic dans cette discographie pléthorique. » (http://www.adecouvrirabsolument.com/spip.php?article3239). Je pense que tu peux ranger Singers Grave A Sea Of Tongues aux côtés de Beware.

Ce disque décevra probablement les fans de Wolfroy Goes To Town, The Letting Go ou Master And Everyone mais, dans le même temps, permettra peut-être à tes amis qui trouvent Bonnie trop déprimant d’accrocher plus facilement.

Le « barbu neurasthénique qui chante sa laideur avec des musiciens de chez Buffalo Grill », celui de Wolfroy Goes To Town, celui de l’album de 2013, ultra roots, qui promettait un retour aux bases, est resté affalé dans un canapé du beech house recording studio pendant que la bande à Bonnie & Mark enregistrait bien gentiment, bien méticuleusement et bien bruyamment ce nouvel album.