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Beau parcours que celui de Pascal Portugues. Des années Rockstore montpelliéraines jusqu’à l’enregistrement d’un album à Manchester, la trajectoire est aussi atypique que parfaitement cohérente. Car derrière la référence picturale néerlandaise De Stijl, Pascal Portugues semble directement expatrié d’une époque et d’un courant musical pas si lointains : l’indie-pop fin 80’s / début 90’s. Pas un hasard si Peter Hook (oui, le seul, le vrai Hooky) vient prêter son inimitable jeu de basse sur le titre « On The Run » : nul doute que l’ex New Order s’est ici trouvé, en la personne de Pascal Portugues, un bien meilleur compagnon musical que Davyth Hicks ou David Potts.

En fait, si l’on cherchait la petite bête, il serait ahurissant de constater à quel point « Something Wicked This Way Comes » semble avoir définitivement bloqué sur la compile « Substance » de NO et le « Porcupine » d’Echo And The Bunnymen. Hors de question pourtant d’intenter un quelconque procès à Pascal Portugues : d’une part car sa discothèque semble cruellement ressembler à la nôtre ; d’autre part car il y a chez De Stijl trop de ferveur, de passion et d’honnêteté pour que l’on se rabaisse à utiliser des mots tels que « duplicata » ou « passéisme ».

Car ce qui marque en premier lieu dans ce nouveau De Stijl, c’est la façon dont Pascal Portugues se réapproprie d’évidentes influences indie pour y injecter, bien plus qu’une forte personnalité, un vœu d’amour à l’égard de la musique. Les suiveurs se contentent de puiser dans la source originelle (parfois avec savoir-faire) ; les incurables malades, inversement, rameutent les amours discographiques adolescents pour mieux se surpasser, s’offrir des défis intimes, chercher le danger et la nécessité du renouvellement. De Stijl, avec évidence, appartient à cette seconde catégorie : ici, on ne rigole pas avec la musique ; ici, on se souvient d’autrui pour imposer une vision personnelle ; ici, composer une chanson s’apparente à une question de vie ou de mort…

Même pas la peine d’insister sur la production spacieuse de « Something Wicked… » ni sur les faramineux dance et push mix qui agrémentent l’ensemble d’un génial parfum Hacienda (Julie Gordon, l’une des souffre-douleurs de Shaun Ryder, participe même à l’expédition) : conscient de ses limites (Pascal Rodrigues n’est certes pas un grand chanteur, mais il réussit à extraire de lui-même une générosité vocale qui touche et finalement émeut), dans un besoin de surpassement qui authentifie la logique de sa démarche, le mélomane planqué derrière De Stijl vient de sortir un disque qui ressemble à son public. Qui nous ressemble, à vous comme à moi…




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