Jim Yamouridis est membre d’un club à part, celui des chanteurs qui pourraient nous émouvoir rien qu’en lisant le bottin sur une musique de Barbelivien. A l’instar de Leonard Cohen ou de Stuart Staples, Jim possède un organe prodigieux. Celui ci se loge dans une caverne que l’on imagine belle et décorée, pleine de portées sur lesquelles sont dessinées des mélodies à couper le souffle, un comble pour une voix.
Souvent comparé à Leonard Cohen, Jim assume, jusqu’à, à l’image de Leonard, inclure des chœurs féminins. Aussi proche du folk que de la country, il nous conte des histoires, sans jamais se contenter de sa voix (« The Cross » est une perle entremêlée et polie). Déraciné, plus citoyen du monde, Jim parcours le monde des sentiments avec pudeur, parlant d’amour comme si celui ci était une enfant à ne pas effrayer. Il sait garder à l’esprit et dans son écriture les souvenirs d’enfance de Rembetika, il parvient à la marier avec une musique qu’il devait déjà écouter quand il était dans le ventre de sa mère. Mais ce qui inspire avant tout Jim ce sont les grands espaces dans lesquels tout est à construire, ou a traverser si on veut garder tout intact. Avec l’Australie et maintenant l’Auvergne Jim connaît ces endroits vierges de la main de l’homme. Avec les rêves ils a du arpenter ceux des Etats Unis, cousinant au plus prêt des pas d’un Leonard Cohen qui aurait troqué son costume de soirée pour des fripes d’un cowboy repu et fripé. De la fusion des rêves et de la réalité il en ressort des ambiances de nuits étoilées au coin d’un feu, sentant le vent de la chaleur fuyante balayer ses joues.
Revenons à cette voix. Il pourrait en jouer, qu’elle suffise à tout emballer. Il n’en est rien, il lui donne même du fil à retorde (Pretty Soon) la mettant à l’épreuve. Il trouve comme Cohen dans les chœurs féminins l’occasion de contrebalancer la gravité. Avec ses onze chansons il affirme une fois de plus sa position à part sur la scène actuelle qui oublie que les voix masculines peuvent s’affirmer, se montrer, se positionner en tête. Pour les sceptiques une seule écoute de « Ragged Or Whole » effacera les doutes les plus tenaces, Jim est un chanteur, auteur compositeur, magicien hors norme.
Je finirais par m’approprier la formule de Telerama "Jim Yamouridis, le magnifique Leonard Cohen australien du Massif Central", car même si le costume du Canadien n’est pas évident à porter, il tombe parfaitement sur les épaules de l’Australien. Les belles ballades de Jim et son beautiful World.