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Elle est bien belle cette pochette. Un type de dos, guitare à la main descend une ruelle dans un quartier probablement industriel. On l’imagine, on lui souhaite d’ailleurs qu’il finira par déboucher sur les renforts d’un port, avec la ligne d’horizon de l’océan comme sirène, instigatrice d’un voyage. Copain du génialissime (nous devons inventer un mot pour lui) François & the Atlas Mountain, Luc a de commun avec lui la liberté avec un grand L. Un grand L comme pour Luc, auteur de chansons pour lesquelles il installe comme un compétition de la plus belle trouvaille pour rendre le très bien remarquable. Comme François il explose les formats, et même si les mots n’ont pas chez lui le droit de faire la ronde dans un esperanto poétique, il joue avec les syllabes avant de vraiment s’atteler aux mots (Hum Home). Luc est comme Lionel Messi, il paye pas de mine, mais il est capable en un clin d’œil de vous dribler une équipe entière (ici un style une mélodie) dans un périmètre ultra réduit. Car le champ d’action de base de Luc est réduit, l’océan qu’on lui souhaite doit être présent sur le mur de sa chambre, faisant appel aux rêves avant de pouvoir partir, s’accommandant de la simplicité d’une guitare et de quelques instruments nonchalants. Il en sort des ballades tranquilles, des chansons qui ne sont pas sans lorgner chez un Sebadoh apaisé dans sa coquille Sentridoh. (le superbe « Ants ») et des moments de grâce comme le magnifique « Graveyard » un titre incroyable de volupté, des cuivres lointains (Luc en Nouvelle Zélande a reçu de cadeau de son ami François), des chœurs en chaise longue sous le soleil, comme si Zach Condon de Beirut troquait ses fringues trop sages, pour des guenilles classes. Une chanson comme celle ci ne peut être qu’un accident, un moment à part dans la vie, un point d’orgue. Blablabla est ainsi, il est bancal, il a parfois la saveur de la félicité, il est souvent le fruit d’un artisanat dans ce qu’il a de plus noble, il ne fricote jamais avec le luxe (ceci dit ce n’est certainement pas un choix) il donne aux mains le plaisir de s’entrechoquer, une des choses essentielles. Comme chez François, le plaisir de l’écoute l’emportera toujours sur l’analyse, tout étant transporté par autre chose que de la technique, les secondes sont des instants poétiques, la beauté un parti prix. On frise le carambolage, la chute dans un précipice, mais on en rigole presque, invitant parfois l’auditeur dans une transe digne d’un rite paganisme (Cockroach).

Alors vendeur de hifi avec son THX passe ton chemin ou enlèves ta cravate, oublies ton portefeuille et vient avec nous chanter le bonheur, parler des affres de la vie en y mettant la manière, libère la liberté que l’on t’oblige à garder en laisse et rentre avec nous dans cette bien belle pochette, pas grave si après le virage l’océan est en fait un pan de bitume, sur celui ci il y aura Luc avec un grand L comme dans Liberté.




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