Ne comptez pas sur moi pour gloser sur le patronyme du quatuor anglais Divorce, fondé à Nottingham late 2010s. Le divorce, j’ai donné, c’est de la culpabilité à l’infini, couplée à une fiche de paie amputée jusqu’à l’apocalypse zombie. Je vais plutôt – à l’écoute de leur premier album à l’intitulé énigmatique – poser l’équation suivante : Wilco + The Kills + The High Llamas = quoi ? Peut-être ce Drive to Goldenhammer au long cours, produit par Catherine Marks (Boygenius, Alanis Morissette, The Wombats), qui s’ouvre sur le catchy Antarctica, chant mixte mélodieux, guitares scintillantes, rythmique feutrée, petit violon crincrin même pas kitsch, délicatesse à la Belle and Sebastian et fragrances du Dunedin Sound ; fraîcheur absolue pour une introduction parfaite. Il faut dire que douze compositions durant, les voix (entre)mêlées (ou pas) de Tiger Cohen-Towell et Felix Mackenzie-Barrow font des merveilles. De la ballade laidback glam-californienne Lord (douce, intemporelle, réparatrice) à la ritournelle ternaire Fever Pitch et sa théâtralité assumée néanmoins émouvante, en passant par l’impressionnante Karen – intro folk gothique, complainte, crescendo, acmé lyrique, il y a du Big Thief dans l’air : le son est brut, centré sur la dynamique, effet wahou garanti – tout semble facile pour Divorce, dont la musicalité frappante les pousse à arpenter des registres moins convaincants, à l’instar de All My Freaks, qui flirte avec l’électro bon marché et rappelle étrangement les oubliés The Adventure Babies, de Jet Show (groovy, solaire, stérile), de Old Broken String (ballade au piano, jazzy, cordes & cie, l’ennui) et de Pill, sorte de mini opéra évoquant ce qu’il y a de pire chez Arcade Fire – l’esbroufe au détriment de la chanson. En dépit de sommets tels que Hangman, tunnel minimaliste épique et relâché digne du meilleur des 00s, et la ballade soul gospel garage Where Do You Go (incandescente interprétation de Tiger), Drive to Goldenhammer souffre clairement de patchworkisme, comme si le quatuor n’avait pas su (ou voulu) choisir une ligne de conduite. Ceci dit, une carte routière, même quand on la tient à l’envers, ça mène quelque part, non ?