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ADA : L’album "A Lot of Good Things" marque un nouveau chapitre pour De Stijl avec le changement de chanteur et de batteur. Pouvez-vous nous parler de ce processus de transition et de comment cela a pu influencer ce 8ème album ?

De Stijl : Lorsque notre chanteur et notre batteur ont décidé de quitter le groupe, pour des raisons différentes, la question s’est posée de savoir sous quelle formation continuer le projet DeStijl. Etant donné tous les contacts que nous avons à Manchester, il m’a semblé naturel de demander à divers chanteurs de collaborer sur de nouvelles chansons, ce qui a donné l’album « Greatest hits – vol 2 » avec 5 chanteurs différents ; la rythmique étant assurée par des boîtes à rythmes car à l’époque je n’avais pas envie de jouer avec un batteur et de partir sur un truc un peu plus électro, histoire de changer un peu la ligne (j’aime bien essayer de faire des choses différentes à chaque album). Une fois cet album sorti, puis le suivant, qui est un peu à part, enregistré, j’ai eu envie d’avoir à nouveau un groupe « stable » afin de reprendre la scène, puisque la crise C19 était en passe d’être terminée.

(photo de Paul Husband)

ADA : Comment le nouveau chanteur et le nouveau batteur ont-ils rejoint le groupe, et comment se sont-ils adaptés à l’esthétique musicale de De Stijl ?

De Stijl : Le courant étant très bien passé avec Scott Jeffreys, autant humainement qu’artistiquement, je lui ai proposé de devenir le nouveau chanteur du groupe, ce qu’il a accepté de suite. Il m’a ensuite proposé d’inclure Jason « Nut » dans le groupe comme batteur, ce qui est là aussi une bonne pioche humaine et artistique. L’adaptation s’est donc faite naturellement étant donné que de toute façon, la musique de DeStijl est quand même très anglaise dans l’esprit.

ADA : L’album "A Lot of Good Things" présente une évolution dans le son de De Stijl. Comment décririez-vous cette mutation par rapport à vos précédents albums ? Y a-t-il des thèmes ou des influences spécifiques qui ont joué un rôle clé dans la création de cet opus ?

De Stijl : Il y avait une volonté de prolonger un peu l’expérience que nous avions eue avec Scott sur « Greatest hits – vol 2 » autant sur la collaboration que sur l’esprit de la musique. Il y a donc l’apport indéniable de Scott sur la plupart des chansons lorsqu’il compose la mélodie et écrit les paroles et bien sûr le groove de Nut à la batterie. Au final, « A lot of Good Things » est un prolongement de « Greatest hits – vol 2 » avec une évolution naturelle du son et des compos, sachant qu’en plus certains titres étaient déjà écrits au moment de GHv2… Et bien sûr il y a toujours ces « ponts » et références aux autres albums

ADA : Pouvez-vous partager un moment mémorable de l’enregistrement de "A Lot of Good Things" ?

De Stijl : Pas vraiment car nous avons enregistré les guitares à Montpellier et Scott et Nut ont enregistré les voix et la batterie à Manchester, sans nous puisque restrictions Covid. Les moments mémorables sont plutôt les vidéos des répets à Manchester que Scott m’envoyait au fur et à mesure : découvrir en live ce qu’ils avaient fait, c’était presque magique.

ADA : Pouvez-vous nous expliquer le choix du titre : "A Lot of Good Things" ?

De Stijl : Lorsque « Greatest hits – vol 2 » est sorti, un de nos souscripteurs a posté sur facebook une photo de « Fortune Cookie » ouvert avec ce message écrit sur le papier, disant qu’il avait mangé ce biscuit puis reçu l’album qu’il avait commandé le jour même. Du coup, je me suis dit que ça ferait un bon titre d’album, donc voilà.

ADA : Les paroles de vos chansons ont souvent une dimension poétique. Comment travaillez-vous sur l’écriture des paroles et comment cela a évolué pour cet album ?

De Stijl : Lorsque c’est moi qui écrit les textes, c’est souvent à part des chansons. J’écris, puis j’essaye différents textes sur les instrumentaux jusqu’à ce que je trouve une mélodie qui colle au texte et à la mélodie. Du coup, les sujets varient souvent selon mon humeur, mais je décide souvent avant sur quel thème je vais écrire. Évidemment, il y a « Serial Immortality » qui est le fil rouge de tous les albums, mais aussi un thème « policier » à chaque album et lorsque je n’ai pas d’inspiration, je fais un truc cheesy sur l’amour ah ah ah. Au-delà de la dimension poétique de certains textes il y a aussi du fonds sur pas mal d’entre eux, mais j’ai l’impression que ça passe au-dessus de la tête de tout le monde, mais peut-être que tout ça prendra du sens un jour. De toute façon, la plupart des gens ne prêtent pas attention au sens des textes, ni même aux arrangement musicaux à vrai dire. Concernant les textes de Scott, c’est beaucoup plus poétique que ce que j’écris et parfois on se demande où il veut en venir donc il faudrait lui poser la question…

ADA : Quels sont les projets futurs pour De Stijl (tournée, collaborations etc.) ?

De Stijl : On continue d’écrire des chansons, il y a un album quasi-fini mais dont les chansons datent d’avant l’arrivée de Scott et même d’avant « Greatest Hits » puisque écrites dans la période juste après le départ du chanteur et du batteur. Un truc sombre et électro qu’on est en train de finir avec Patrice (le guitariste) que j’avais mis de côté car trop décalé par rapport à l’évolution de notre discographie que je souhaitais à l’époque. Du coup il sortira cette année mais on le datera de 2017, histoire de compliquer encore un peu plus notre parcours. Il va s’appeler « Walking through the Weight of the World ».

On a aussi un autre album instrumental et très électro qui est fini, on va sûrement l’enregistrer cette année aussi, mais là je n’ai pas encore le titre. Enfin, on bosse sur un nouvel album aussi avec Scott et Nut, avec pour l’instant 6 chansons en chantier qu’on espère sortir en septembre, mais en sortant quelques singles avant. J’ai aussi le titre pour celui-là, mais on le dévoilera plus tard.

Côté concerts on a 2/3 concerts prévus en Angleterre et une date à Montpellier au printemps. Ça va sûrement s’étoffer, mais rien ne presse, on y travaille.

ADA : Comment De Stijl s’adapte-t-il à l’évolution de l’industrie musicale tout en restant fidèle à son identité ?

De Stijl : A vrai dire, on s’en fout un peu, DeStijl a toujours été un projet artistiquement libre qui se fout du marketing et de l’industrie. On a joué le jeu durant quelques années avec des attachés de presse, de la pub etc, mais en fait personnellement, les ventes, la notoriété etc, je m’en branle. Ça fait toujours plaisir d’avoir des écoutes et des vues sur internet, mais ce qui m’intéresse c’est le processus créatif et la création elle-même ; essayer de faire des choses différentes et modestement, construire une œuvre globale issue de ce travail de création.

En 2024, la donne a changé puisqu’aujourd’hui la production et la diffusion sont d’une part plus faciles étant donné les avancées techniques, mais d’autre part, ça coûte quand même et les recettes à mettre en face sont bien maigres : streaming ça rapporte que dalle, c’est devenu un acte militant que d’acheter un disque, ce qui n’arrive plus que dans les concerts quand on arrive à en programmer et la SACEM c’est une rigolade. Pour prendre un exemple, un organisateur a payé presque 400€ de droits pour des concerts qu’on a donnés et je n’en ai touché que la moitié … le reste c’est volatilisé, mais je vais faire en sorte que ça soit corrigé en les contactant bientôt. La réalité des choses c’est que ça devient très difficile de produire quelque chose de qualitatif en 2024 sans soutien financier, sauf si on en a les moyens bien sûr. Il va falloir que se créent dans les prochaines années des dispositifs d’aides publiques à la création, si possible équitables et non partisans sinon la création « à la française » va disparaître. C’est bien évidemment un vœu pieux et je sais pertinemment comment ça va finir. Mal.



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