> Critiques > Labellisés



Talk Talk a bercé mon adolescence avant de devenir un groupe culte de ma discothèque. De ses tubes planétaires qui m’ont fait connaitre le groupe anglais, comme à des millions d’autres auditeurs, jusqu’aux morceaux plutôt méconnus (à tort), toute leur discographie vaut le détour. A commencer par les deux derniers albums, de plus en plus proches de l’abstraction, du silence, de la retraite. Celle que s’est imposé leur leader Mark Hollis depuis la parution de son unique album solo en 1998. Un album dans lequel les blancs étaient aussi importants que les maigres notes prodiguées avec soin par quelques instruments.

Spirit Of Talk Talk, le livre. Alors, lorsque en 2012, le label Fierce Panda a regroupé plusieurs groupes de talent pour publier "Spirit of Talk Talk", un double album de reprises, ma curiosité fut à son comble : comment des groupes actuels allaient-ils se réapproprier des morceaux vieux de 20 à 30 ans ? Comme toujours dans ce genre d’exercice, il y a du bon et du moins bon. De Recoil, qui arrive à transformer "Inheritance" en morceau digne de Massive Attack, au Matthias Vogt Trio, reprenant "April 5th" façon jazz, en passant par Do Make Say Think, qui interprète "New Grass" façon Tortoise, le plaisir est garanti. Ne ratez pas non plus King Creosote, qui transforme "Give It Up" en balade folk sucrée.

Spirit Of Talk Talk. Il y a aussi ceux qui font des reprises pile dans le ton. Mais comme le ton est beau, ils arrivent à le magnifier. On pense à The Acorn avec "Taphead", magnifique, ou à Lone Wolf avec un "Wealth" tout en orgue. Voire à Zero 7, qui rend "The Colour Of Spring" presque soul. On est moins surpris par les interprétations que font Jason Lytle de "Tomorrow’s Started" ou Turin Brakes de "Ascension Day", voire de Duncan Sheik, pile dans le ton de "Life’s What You Make It" ou encore S. Carey et son "I Believe In You". Pour autant, entendre ces artistes s’accaparer l’univers de Talk Talk est agréable au possible.

On sait que cela fait malheureusement partie de l’exercice de la compilation de reprises, mais on regrette la présence sur cet album censé représenter "l’esprit de Talk Talk" de reprise aussi lourdeaudes que celles de "The Party Is Over" par The Lovetones, pour ne citer que celle-là, la plus à côté de la plaque. Bon, malgré ce dernier point noir, il nous faut écrire avoir pris grand plaisir à réentendre toutes ces chansons de Talk Talk. Et ces écoutes ont fait naître une question en nous : et si Mark Hollis reprenait son propre répertoire aujourd’hui, comment le jouerait-il ?