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On oublie trop souvent en France que le rock britannique est très politisé. Combien d’événements musicaux liés à des boom Made in the U.K. Monarchy (Thatcher et ses punks, morte la princesse en 1997, Tony Blair qui débarque quand les artistes de la cool qui l’ont amené jusqu’au top le célèbrent, l’autre zozo (je sais plus son nom... Boris ?) les Fat White Family qui craquent, Sleaford Mods contre les gogols etc etc). Et la media class de Londres a toujours aimé Blur, trente ans que ça dure.

C’est qu’après avoir consommé de l’héro puis du yoga, après avoir été en stage à la campagne puis au Mali, Damon Albarn - depuis le LP de 2015 The Magic Whip - a sorti quatre albums avec Gorillaz et trois de plus avec d’autres projets ; il a également composé un musical d’Alice in Wonderland, conçu un opéra de “ Goethe with club music ” et tenté de développer un Gorillaz pour Netflix.

« Ce que je veux dire, c’est que c’est souvent quand y a le plus grand désespoir, la plus grande solitude (voix brisée) que naissent les plus grands rêves ». Eh oui, chers lecteurs, ce sont bien les mots d’Amel Bent qui introduisent cette chronique sur le dernier album de Blur, à savoir The Ballad of Darren. Tâche ardue, tant cette personne très spéciale qu’est Damon Albarn est multi-fonctions, comme le couteau suisse. Donc (oui, ça peut paraître chelou, mais on s’en fout) au lieu de ré-écouter tout Blur et tout Gorillaz, je me suis jetée sur « The Voice » « Blind auditions » ou encore « Cross battles » et m’en suis inspirée pour vous faire rêver au coeur de cet été souvent pluvieux mais néanmoins magique, l’été-de-quand-le-dernier-Blur-est-sorti.

Écoutons donc The Ballad of Darren, gardons-en les rares perles rares au creux de nos mains burinées par les travaux de jardinage, et dégageons ensemble ce qu’il y aura à jeter à la déchetterie. Slimane et Kendji Girac ont arrimé la remorque au Touran d’ ADA, on est prêt, allez c’est parti. (Ah oui, et comme dans l’émission « The Voice », on frappe un grand coup sur le buzzer rouge et ça fait « BAM » quand on aime, c’est un gain de temps, disons.)

Premier titre « The Ballad » : On le passe, ça fait trop Divine Comedy. Ils avaient vingt ans, Blur, et ils écrivaient déjà tout ça, des platitudes pardonnées à l’aune de leur jeune âge. Je passe.

Deuxième titre « St Charles Square » : BAM buzzer rouge ! Ok les punks, let’s go ! Ça va le faire pour tous les fans de Blur, celles et ceux de la première heure. La guitare est distordue juste comme vous l’aimez, on fonce. « I fucked up » chante un Damon tout penaud… Ouh la, quand un homme te dit ça, ça craint. Soit il dégage soit tu pleures ta race pendant sept ans. BAM BAM BAM Buzzer rouge !!!

Troisième titre « Barbaric » : Très Blur, celui-là, tant mieux, si on est encore là c’est qu’on aime Blur. BAM Buzzer rouge ! « Now where am I going ? » « feeling that I thought I’d never lose ». Ok Damon est mal, et les autres font les choeurs de son mea culpa. C’est un truc que nous les filles on ne comprendra jamais : comment des mecs peuvent-ils essayer de nous faire croire qu’ils se retrouvent dans des garages pour répéter ? Franchement on sait toutes qu’ils se défoncent, qu’ils se roulent des pelles et qu’ils se tripotent, faut pas déconner, les mecs sont d’un naïf ! D’ailleurs c’est pas Damon Albarn qui chantait « Following the herd Down to Greece On holiday Love in the nineties Is paranoid » ? Ben voilà nous y sommes, instant de vérité, on peut même danser dessus, donc on le garde, c’est LE Blur que les fans attendaient.

Quatrième titre « Russian Strings » : choeurs à la Beatles, petite gratte lointaine et réverbérée, non, non ! Ce genre de ballade, Blur en écrit quinze au petit déj, alors on suggère à l’auditeur de sauter ce morceau. Ou alors de le conserver seulement si ça offre une petite respiration dans l’album (et justement, c’est ce qu’il se passe). « Alors évidemment t’as les cordes vocales à te permettre de faire des trucs de dingue » dixit Amel Bent. Mais mais mais… Je passe quand même.

Cinquième titre « The Everglades ». Les fans d’Herman Düne y verront un clin d’oeil… Que nenni, il s’agit d’une énième ballade sur l’album, et là clairement on décroche. Tu nous ramollis Damon ! Secoue-nous les puces bon sang ! « Florent, t’en penses quoi ? » Ok Florent Pagny s’est endormi, il bave le con. Passe.

Sixième titre « The Narcissist » : Un faux air d’Herman Düne, tiens marrant. Ah non, de Eels. On accroche bien avec les chœurs et les guitares. En fait c’est presque le chant qui serait de trop. La batterie frappe juste, ça monte, ça monte, tchi-tchi-tcha, nan mais vraiment, c’est Damon qui… Alors j’ai cru comprendre qu’on chantait acide, héro, addictions, bon - instant confessions, ok, pigé. « La musique c’est pas l’échappatoire. Non, la musique c’est le rêve impossible (Amel Bent). » Traduction : ici on garde que des gens clean. Ouh ouh Blur, vous croyez que TF1 va renflouer votre découvert à la banque ? Loanna nous a déjà fait le coup, non merci. Direction thérapie allez hop, Florent, vire-moi-les.

Septième titre « Goodbye Albert » : Encore beaucoup d’emphase, Blur a écouté Bowie, comme nous tous, on ne va pas les en blâmer. La guitare solo est top, ils savent bien comment s’y prendre pour dire au revoir, eux. Comme quand Michel (Berger) chantait le « Paradis blanc » et que Michel (Sardou) clamait « Est-ce-qu’on est sur la Terre, absurde et solitaire » ? Ben oui les Michel, bien sûr, vous aussi vous faisez partie du Panthéon des Grands et des Grandes. BAM Buzzer rouge ! On adore la 7 les gars, parce « qu’il (Damon) veut pas faire « The Voice » tant qu’il a pas mis la personne dont il s’occupe en mains sûres (Amel Bent) c’est pour vous dire à quel point c’est un gars normal, un gars humain, un gars généreux. »

Huitième titre « Far Away Island » : Dix sur dix pour l’intro. Après on décroche. De retour de la Britpop il n’y aura point, non, pas sur ce titre.

Neuvième titre « Avalon » : Ballade, une fois de plus. Passe.

Dixième titre « The Heights » : Ce morceau évoque plutôt une montée/climax avec du bruit de guitare noise qui menace davantage qu’il ne promet, qui menace d’un effondrement absolu. Effondrement de quoi ? Aucune idée, demandez à Amel Bent, là je suis perdue.

Onzième titre « The Rabbi » : Ici le déclin de la midlife, le déclin de la cinquantaine, la lucidité portée sur les désillusions. Enfin, musicalement, on pense à du Baxter Dury, du The Auteurs, c’est très pop, rien à dire, c’est du bon boulot, mais est-ce du Blur pour autant ? Rien n’est moins sûr. Si j’écris ça, c’est que je soupçonne Damon Albarn de tout bricoler tout seul depuis le début, vous comprenez ? Les autres musiciens sont un peu transparents sur ce coup-là. Passe.

Douzième titre « The Swan » : Là c’est la crise, la crise de pfff… rien à faire, on y passera toutes et tous. « Je serai toujours là pour toi », « What do you really want ? What do you really need ? What do you really want from me ? » Eh ouais, éternelles questions, incommunicabilité, quand tu nous tiens… La guitare fait le job, les claviers aussi, enfin une ballade acceptable parce qu’elle nous tient en haleine. Je pourrais la faire figurer sur ma playlist d’enterrement, et vous ? Quoi, vous n’avez pas préparé de « playlist d’enterrement » ? Ben vous faites quoi de vos week-ends ? BAM Buzzer rouge !

Et Damon Albarn qui ose déclarer en interview qu’il aime bien le « côté vague de la pop, son absence de réel message » ben il se fout bien de notre gueule. Des messages réels y en a plein la Ballad of Darren, bien écrits, pas glorieux, mais le gars connaît son taf, ça c’est sûr.




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