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Il y a quelque chose de poignant à l’écoute de « Real Love » quatrième morceau du nouvel EP d’Adrien Gachet alias Bajram Bili. Il y a des notes de piano lointaines, le crépitement d’un vinyle pas encore restauré, et surtout une sorte de dialogue proposée par une machine cabossée à un musicien qui ne l’est pas moins. Entre l’usure et surtout la perte qui semble mettre fin à une de vos vies (ne sommes-nous pas comme les chats, une addition de plusieurs vies, délimitées par les chaos de l’existence ?) Adrien Gachet avait mis la musique en sommeil, et c’est sur son label de prédilection, Another Record, qu’il revient à la musique avec le bien nommé « We Will Have Been Happy ». Si nous avions l’habitude de danser grâce à ses architectures complexes, ici le cerveau a trop de choses à décoder avant de transmettre une information linéaire au reste du corps. La syncope, l’électrification et ses secousses en morse, la communication via des machines au dérèglement avancée (« Weird Allegro » nous enlise dans un paysage digne de Dune), font de ce EP une œuvre pleine de questions, qui s’épaissiront jusqu’à ce terrible « Le Futur C’est Pas Pour Moi » qui mis en parallèle des derniers mois de son auteur, fait perler une goutte de sueur froide dans le cou de son auditeur. L’ombre de Bajram Bili est de retour, se jouant de la lumière toujours présente, mais pour mettre en avant une face plus obscure, mais non moins fascinante.