Hasard de mon calendrier sur Netflix, c’est alors que je traverse l’histoire du Royaume-Uni via « The Crown » et l’intégrale des Monty Phyton, qu’arrive sur le haut de pile de disques à chroniquer (ou pas) le nouvel album de David Neerman. Car si sa citoyenneté actuelle est celle du pays de la marche sur les pavés avant de les dessouder, son histoire, et celle d’« Abstract Blur », et celle de cette île aux alliances contrariés, à la violence vitale pour lutter contre les outrages demeurés d’un Premier ministre en jupon. En se replongeant dans son passé, qu’il soit personnel, ou celui d’un environnement contemporain par le biais du trou de la serrure d’une porte qu’il n’est pas toujours utile de trop ouvrir, David Neerman fait de son disque une somme presque classique, au livret certes disparate, mais se tenant sur toute la durée du disque. Impossible dans cette auberge espagnole qui voit s’enchaîner des ballades dans les volutes, musique de chambre, électronique, piano ou tension venant de l’after punk, de ne pas penser à Robert Wyatt, au Mark Hollis déjà surplombant la plèbe de « Colour Of the Spring » , de ne pas voir l’empreinte des travaux de David Neerman avec Seun Kuti ou Ballade Sissoko sur certaines portions rythmiques.

Travaillant pour le cinéma, le théâtre, la télé (en aparté, quand on est ami avec Jeanne Balibar, on ne peut qu’être quelqu’un d’intéressant.) notamment avec le meilleur d’entre tous, Mathieu Amalric, il y a encore, là aussi, su tiré quelque chose à exploiter par la suite (Living Volcano) pour ses travaux personnels. Cohérent du début à la fin, tenant sur la longueur la promesse de la classe affichée sur la pochette lynchéenne, « Abstract Blur » est un disque exigeant avec lui-même, mais toujours avenant pour son auditeur, lui offrant le velours, quitte à lui gratter les imperfections d’un passé lourd et difficile. The Smile.