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« People Helping People », le sixième album du duo californien No Age, dont le titre – en forme de message – hautement empathique contraste avec l’irrésistible fragmentation de la société en unités irréconciliables, coche toutes les cases du DIY : finalisé durant la pandémie, dans le garage du guitariste Randy Randall (rebaptisé pour l’occasion Randy Randy’s Garage), sa production maison assumée – qui point ne dépare dans la discographie du tandem – sert avec justesse leurs velléités aventureuses, même si malheureusement les instrumentaux sont dispensables, tant ils racontent peu. En effet, le groupe n’est jamais meilleur que dans son créneau de kraut pop punk lo-fi décontracté : à mon sens, l’aspect expérimental de l’œuvre de No Age est anecdotique, sauf à considérer que le laisser-aller, sous formes de couches paresseuses empilées sans empressement, constitue un viatique créatif. Lorsque No Age écrit des vraies chansons – la voix du batteur Dean Allen Spunt transposant dans un Los Angeles slacker le parlé scandé de Lou Reed –, il se montre malin et avisé, invoquant l’esprit de Mark E. Smith (« Compact Flashes » et ses basses électro sourdes sur fond de kraut épuré, une tuerie) ou de LCD Soundsystem (l’impérieux « Flutter Freer », malgré ses horribles gimmicks jazz lounge), tout en n’oubliant pas d’injecter des petites guitares crasseuses sous-mixées qui sont la marque de fabrique du duo. On est loin de « Nouns », qui avait à l’époque (2008) secoué la sphère underground : s’il avait su se montrer moins bavard et mettre de côté les morceaux instrumentaux, « People Helping People » aurait été le genre de bon petit album fun et compact à passer en soirée, entre deux sessions de skate et de fumette.




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