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Ne voyez pas ici de boniment, de discours de propagande dans ces quelques lignes autour de "Playgrounds And Battlefields" par Le Feu sorti il y a peu chez My Little Cab Records.

Certes travailler pour A Decouvrir Absolument implique une régularité et un peu d’exigence.

Certes, vous proposer une émission bihebdomadaire comme Le Cabinet Des Curosités relève de l’effort chronophage et cannibale de temps libre...

Mais, car il y a toujours un mais, je suis payé en retour au centuple... Rien de financier bien entendu (ceci dit, j’accepte les chèques) mais de l’humain, toujours de l’humain !!!

De Nicolas Cancel alias Winter by lake mais aussi patron de la structure Travelling Music qui vous envoie quelques cds pour le seul plaisir de savoir que vous l’écouterez ou encore de cette belle rencontre avec Pierre de My Little Cab Records, ce label qui a sorti un des plus beaux albums de l’année, celui d’Aetherlone. La preuve en images ici :

Recevoir dans sa boite à lettres un jour de coup de mou des albums de Tazio, de Boy And The Echo Choir, de My Name Is Nobody ou de Le Feu vous aide à vous remonter, vous rassure sur ce milieu du monde de la Musique aux codes parfois cyniques.

Comme quoi le talent est proportionnel à l’ouverture aux autres...

Quand j’ouvre cet album de Le Feu, je ne sais pas grand chose du groupe sauf tout le bien que m’en a dit Pierre.... Je me rappelle ses mots :

"Cela devrait te plaire"....

Il y a du Skack, du Pale Fountains et par extension le spectre d’Arthur Lee et de Love dans l’hymne miniature qu’est "Mexico".

Nous traversons des forêts sombres et amples à la lumière de la lune. Ici, nous croisons l’ours, là le scorpion qui se tapit dans les vestiges de chaleur du jour passé dans le souvenir du sable blanc du désert qui hante la lande.

Sentez-vous parfois l’horloge qui frappe inéluctablement ? Impossible de fuir, de courir contre le courant... Sans me l’expliquer, je suis toujours gagné par une tristesse insondable par ces gens qui marchent contre les vagues...

Le feu refuse de s’offrir à l’abandon, la défaillance de ses espoirs. Quelque part, "We All Run" nous démontre que finalement tout ce qui compte, ce n’est et ne sera jamais le résultat mais le mouvement, juste le mouvement. Rien de plus...

Pas besoin d’emphase, de discours stérile... Juste retrouver la neutralité bienheureuse du rythme de la marche.

Il y a ces mêmes envies d’horizon sans limite, d’ouest qui fait dérailler les sens... "In the desert" ou la rencontre improbable de The Left Banke et de l’intériorisation toute européenne.

Rien n’est factice et pourtant tout est faux. Qu’y a t’il derrière le carton pâte ? Qu’y a t’il derrière les effets spéciaux ?

Tout est-il décors ?

"Is This Love" semble tenter une réponse....

D’ailleurs où sont les réponses ? Dans les questions ? dans le cumul des expériences ? dans la confrontation avec ses extrêmes ? dans la confrontation avec ses limites ?

S’imaginer volant quand on est en train de chuter sans grâce des hauteurs d’une falaise rocailleuse.

Se croire créature aquatique quand on se noie dans une eau trop froide qui anesthésie.

L’esprit nous sauve t’il de nous comme dans "Feather and Gills", malaxage des obsessions de Palace Brothers à la froideur de façade d’And Also The Trees. Comment ne pas céder à l’appel de la forêt, à l’appel du sauvage ? Comment ne pas renoncer à la tiédeur de nos vies froides ? Pourquoi l’ailleurs nous apporterait forcément autre chose ? Pourquoi se rêver Robinson quand on ne parvient pas à s’explorer soi-même ?

Notre société nous tue, nous ne connaissons même plus le nom des plantes, les cycles de la lune et de la nature... Comment rejoindre le primitif en soi sans se perdre ? ("No Fire")

Parfois en vieux littéraire que je suis, je ne peux m’empêcher d’essayer de trouver des indices, du sens dans le lexique des mots de mes contemporains.

Chez Le feu, il y a l’obscurité, la lumière, la quête de paix, les pensées, l’abandon ("How we learned to dream by ourselves")

Il ne peut exister de commencement sans une chute, une fin, fière addition de nos échecs ("In The End")

Je ne saurai trop vous dire combien ces champs de batailles là se nourrissent de nos émotions et de notre sang... Je ne saurai trop vous dire combien ces terrains vagues, créations mentales de Le Feu, deviendront des vagues écumantes, des déserts arides, des montagnes glacées, des paysages qui défileront de vos yeux....

Je ne saurai trop vous dire tout le bien que je pense de la musique de Vincent Dupas monsieur My Name Is Nobody, présent également sur ce projet de Jonathan Seilman....

Mais le mot de la fin appartient au seul Le Feu, n’oubliez pas, il ne faut jamais abandonner.... Toujours être dans le mouvement de la marche...Toujours




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