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Réussir une bonne confiture est assez simple. Du jus, du sucre, du gaz et un jus de citron pour atténuer une possible amertume. La confiture de fraise n’échappe pas à la règle avec en plus la possibilité de laisser des petits morceaux afin que parfois, au grés d’une tartine les dents on se voit offrir la joie d’une rencontre craquante. La bande d’Animal Collective en s’essayant à la confiture, n’ont pas suivi les conseils avisés du cuisinier que je suis et bien moins encore ceux des Frères Jacques et de leurs collants qui ne laissaient rien voir. Construit comme un objet à la maturation quasi en temps réel, la confiture du collectif est dépourvue de citron mais regorge de confiseries étonnantes qui peuvent aller de bonbon au poivre (des gremlins en rigolent sur "Peacebone") mais aussi des pez et autres acidités chimiques et atrocement addictives. Disque épique et bordélique, "strawberry jam" est une rencontre entre la folie douce, la maîtrise des harmonies ("Chones" pourrait plaire à un marsupilami joueur de bunto) et une assise quasi mystique dans les cascades sonores. "For reverend green" est l’exemple même de la chanson autour de laquelle nous tournerons sans cesse sans jamais trouver à démêler ce qui semble être une suite de nœuds. Mais à l’image de ce morceau, les compositions d’Animal Collective ne se forge pas dans un laboratoire mais bien dans un creusé poétique, au sein duquel l’expression ne pas tenter et aussi maladroite et rédhibitoire pour rester que de croiser Brice Hortefeux un soir de diffusion de Tintin au Congo. Il sera dur de passer derrière cette musique, qui ne sait pas pleurer, qui crie à la face du monde que la vie se manifeste par les cris et les accidents. La confiture d’Animal Collective est la plus grande réussite gustative de cette année, mais probablement aussi musicale. Excroissance du domaine de la lutte. Gigantesque.