> Critiques > Labellisés



Tout naît / tout s’achève dans un disque marque le retour en solo de Gontard, deux ans après l’ambitieux et très réussi Repeupler et quelques mois seulement après sa collaboration au projet collectif Lomostatic qui nous avait enchanté pour intégrer sur le cut notre Top10 2018.

L’homme masqué ne traine donc pas, et continue de surprendre et ce dès les premières notes de Il Fiasco, dont la mélodie, les cuivres et la trompette (très présents sur l’ensemble du disque) et le recours à l’italien en conclusion d’un texte doux-amer, évoque rapidement la BO d’un film italien des années 50 ou 60.

Peut-être que ce qui conduit aussi au rapprochement avec l’âge d’or de la comédie à l’italienne (Risi, De Sica, Commencini) est le côté féroce, grinçant mais néanmoins profondément humain et attachant des personnages que ce cinéma social décrivait, sans condescendance.

Il en va de même dans le regard que pose Gontard sur ces personnages et à travers eux sur notre société. Esprit potache et malicieusement grivois voir légèrement grossier pour mieux incarner la dureté et parfois la vulgarité du réel dans lequel nous vivons. « Violent et abstrait ».

Si l’ouverture pouvait laisser craindre une forme de renoncement, La Main tiède de la violence vient tout de suite couper court à cette idée avec un joli pamphlet sec et radical. Fondamentalement politique tout comme plus loin Intimidation ; Fin de Concession ; Ostalgie ou Vivres dont les longues boucles fascinent et donnent toute la place à un texte là aussi très fort.

Si une partie du disque donc est très politique et de ce côté la filiation avec Diabologum est assez évidente, il est aussi par touche extrêmement ludique (l’escapade pop acidulée asiatique Singapour) voire drôle sur Arcade Fire.

Si ce dernier titre fait sourire, il s’en dégage néanmoins une certaine forme de mélancolie de l’intime qui se rapproche de celle que nous aimons tant chez Mendelson dimension encore plus présente sur Real Doll, Lettre d’amour à ma dernière poupée ou sur les sublimes et totalement bouleversantes Parkinson et Notre Maison.

Cette intimité, tel « un voyage oublié », une quête inaboutie dont il ne reste trop souvent à l’heure des amours tinderisés qu’une image furtive, d’un collant qui remonte sur un corps dont le regard se détourne déjà comme sur l’artwork du disque (le plus beau de ce début d’année, haut la main).

« Si le cœur était clair, le monde serait clair, si monde était libre le cœur serait libre, mais… » De l’intime au politique, du politique à l’intime, il n’y a finalement peut-être pas tant de différence que cela. Tout Naît / Tout s’achève dans un disque en est la preuve la plus enthousiasmante de ce début d’année.