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L’exercice de la reprise a toujours été une des figures de style qui aura le plus suscité l’excitation au sein de l’équipe ADA, exercice aussi casse-gueule que potentiellement merveilleux, une certaine idée du risque, de la curiosité, du collectif et de la remise en question dont les 17 hors-séries tribute en sont la preuve la plus évidente. ( Feel Free to Download !).

Tous ces éléments se retrouvent sur les sept pistes qui composent ce Akene ( Remixes), pour lesquels Gontard, a confié les clés du mastering à l’homme idoine Ray Borneo grand manitou (dooyoo) du label Petrol Chips et adapte en expérimentations et triturations des sons en tout genre.

Les artistes, amis, compagnons de virées aux abords de Gontard sur Misère qui reprennent ici une grosse moitié des titres de l’album, parviennent chacun, à rester fidèle à l’esprit des titres originaux, tout en y insufflant des éléments de leur propre identité musicale donnant ainsi un éclairage nouveau, une sensibilité nouvelle pour mettre en valeur les compostions originales.

Par exemple, Damien Tronchot aka Pavane, en déformant la voix de la version originale et la mettant légèrement en retrait sur une nappe d’arrangements électroniques amples et légers apporte une mélancolie aérienne nouvelle à Faillite un des textes les plus émouvants de l’album. Un peu plus loin, la sensualité qui irriguait déjà la version originale aux accents reggae de la séduction, se voit ici pousser par Twani vers des basses encore plus amples, réverbérées, une sensualité lancinante à la moiteur dub absolument suffocante qui érotisera probablement toutes les nuits de canicules de l’été à venir.

Dans la même optique de pousser les curseurs un cran plus loin, le tube Les loups et son entêtante montée en puissance prend un virage dancefloor brillant dans sa progression entre les mains de I Am Sparrow tout comme le Camion confié aux mains et à la voix de Cédric Eyraud aka Colonel Winter de manière plus directe par le traitement tout en effet réverbération aussi déliée que vicieuse de la ligne de basse sur une rythmique 80’s parfaite.

Univers dancefloor assumé encore un plus directement sur le double remix de Mahalia Dooyoo qui sous le regard croisé de Robin Baptiste alias Rrobin d’une part et du collectif Pardonnez moi de l’autre, offre deux variations que l’on ne tentera même pas de hiérarchiser. Deux salles, deux ambiances, dans les 2 cas, çà transpire en mode collé serré.

Il est finalement presque naturel de retrouver également sur ce projet Matthieu Malon ici sous la signature de son projet Laudanum (dont on attend avec une impatience non feinte par ici le successeur des inusables System :On, Your Place and Time will be mine et Decades ).

A de nombreuses reprises participant aux projets ADA, ce dernier trouve un terrain de jeu parfait pour donner « un remix pas ordinaire » à ce (Le) plein de super tissant avec malice les fils entre l’univers très pop et directe de la mélodie et du refrain et des arrangements synthétiques envoutant à cet ode révolutionnaire et contestataire que le malicieux Alain Cavalier ne saurait renier.

Coup de cœur sur ce titre, mais plus largement sur cette nouvelle proposition de l’homme masqué et cette idée que Laudanum étend sur plusieurs minutes : « du rouge pour sortir du noir », le collectif comme seul horizon, et une bonne dose d’insouciance, d’inventivité et d’envie. Ces 7 remixes en sont une bien euphorisante démonstration et cette joyeuse bande de celle dont on se réjouit de les avoir à porter d’oreilles.

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