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Ceux qui me connaissent, me lisent, savent que je ne fais pas de chronique sur l’ossature, mais plutôt sous la peau, je ne cite les gens d’avant, les gens d’après, je ne cite les naissances, ni les clôture qu’on voit au loin, ni les styles ni les vêtements, il serait impossible de traiter l’art de Lou dans une boite, dans un écrin, dans un lieu restreint, il est impossible de parler de matériel dans cet art, dans cette voix, et plus encore, dans ces mots. Lou est simplement, la définition d’une femme, et ceci, en musique, est grandiose. Ce seul moment est un hymne a chaque délicatesse, a chaque force et a chaque faiblesse, ce sont des chansons courbées comme des corps, hypnotiques, extra-spirituels, des courbes d’épidermes qui attisent les feux, creusent des rides, vivent et tentent de vivre encore un peu plus loin. Il y a des gestes détraqués qui se font beau dans les sonorités pavloviennes, ont sent des exotismes qui sont sexuellement obscurs, des vagues a l’âme dont l’écume est acide et la profondeur sucrée. Il y a t-il logique dans Lou ? Il y-a-t’il des logiques dans l’existence, si nos sens sont des rebelles a nos vies, si tout ce qui nous fait ce défait, Lou n’a de logique que dans les plaies, les échardes et les trous de serrures où apprennent les enfants, elle n’a de raisonnement que dans les plaisirs, dans les lucioles, les lueurs, les chaleurs. Lou perd nos émotions dans ses tourments, de sa voix si proche de nos cerveaux que nos oreilles s’y reposent. Le seul moment est en fait des éternités, une vie entière, 9 contes de chair et d’air, des rengaines de guerre, des refrains sombres, des caresses brulantes, et puis des vérités dont les cachettes ont explosées, ce chant qui nous tue, ces sons qui nous revivent. Le talent de Lou réside dans le simple fait de reconnaitre, de savoir, d’avoir appris, d’avoir conscience de la place de sa silhouette et son contenu dans l’espace temps d’une chanson, Lou est elle, dans le phrasé acide, dans l’ampleur parfois glauque comme un Mississipi d’été humide de ses mélodies (le serpent est un animal qui passe ci-et là dans ses compositions, ce chaloupé pervers, sinueux vices, le black snake moan), Lou est elle dans ses biographies subtiles de femme friable et ses vers épais comme muraille, du coup ses titres sont des univers où elle masque autant qu’elle montre, douée d’une prose qui fascine et effraie par ses méandres et réitérations, qui tranche, qui emporte, des univers particuliers, envoutants, dérobant, qui parlent de mort comme le ferait une béate, et de vie comme le ferait une mère, comme si l’enfance avait encore une empreinte lourde sur son futur, comme si la fille n’arrivait pas encore a être femme, de ses peurs, de ses doutes, de ses besoins, si Lou a gardé se surnom de petite fille, cela doit être pour cela, ceci, cela, et Lou lutte pour comprendre. On dirait que je fais psychanalyse, pas du tout, j’apprends en elle les recoins et charmes, les épines et espaces des femmes, et sa musique est un apprentissage presque shamanique. Lou est surement très instinctive, ses musiques prennent certes du temps, mais je soupçonne que ses lettres viennent sur l’instant, en un seul moment, comme une réflexion faite a voix haute, chantée, seul compte l’instant. Le fond, est sombre, cruel, parfois habité de tristesse, il y a combat, il y a l’intérieur, il y a la rudesse dans ses compositions aussi simples qu’elles vont directement aux gènes, aux atomes de nos émotions. Que dire en restant terre a terre de ce merveilleusement dur disque ?, Qu’il émotionne, émotionner est un travail difficile, une geste de légende, émotionner est un art, j’avoue pour ma part que les femmes ont un plus de sensibilité qui me touche plus rapidement, n’empêche, n’empêche, que l’on perçoit des bribes de bonheur au fond de chaque strophe, des plaisirs d’être elle, des forces, des lueurs, des beautés dans chacun de ces seuls moments