> Critiques > Labellisés



Nous n’avons humé les d’effluves, ni de Air, ni de Stereolab, contrairement à ce que Cyril Angleys alias Paper Tapes, nous laissait entendre dans ses rares interviews, mais une grande douceur, assez proche de l’épique Sexuality de Sébastien Tellier - cynisme en moins - et aussi de ces légers accords à la Mac De Marco (synthé, guitares, chant). Moqueuses, nostalgiques, de semblables trouvailles sonores, la musique comme expérience, les machines au service du chant - en anglais - nous rappellent aux nineties, les textes à Pulp ou encore à Blur. Plus désabusés, moins fanfarons.

On verrait bien Paper Tapes en première partie de Tops aussi, eux qui sont passés maîtres dans d’inspirantes envolées langoureuses et mélancoliques. Celles de Paper Tapes nous plongent dans ce voyage en autocar : campagne qui défile, petit crachin… On repart à zéro, on retourne chez nos parents, on a raté des trucs et c’est pas grave. C’est avec « Plastics » dans les oreilles que nous posons le regard sur le baluchon occupant le siège à côté de nous. Le chauffeur est pas causant alors on se chantonne de petites choses dans la tête.

« Sunshower » bien au contraire nous emmène vers d’autres paysages : c’est plus syncopé, plus dansant, que les titres précédents. On est peut-être déjà arrivé à la maison de notre enfance, dans la petite ville en banlieue de Lyon, et on sort en boîte seul(e) un soir pour se changer les idées. 

Très très mauvaise idée, de fait : on revoit des ex changées, boudinées, sur le point de divorcer (c’est quand le DJ passe aux slows qu’elles nous le confient : « J’aimerais bien me barrer et tout recommencer à zéro avec quelqu’un comme toi, mon mec est nul »). Ah ben oui, mais ça nous arrange pas trop, nous aussi on recommence tout à zéro, ciao on y va d’ailleurs, on allait rentrer. On a de la musique à écrire. 

Oui, j’extrapole. Cet album agit comme une compagnie amicale pour les âmes en peine telles que moi, toujours en quête d’un idéal - et c’est un tort autant qu’une qualité : souvent déçues, jamais rassasiées d’imaginaire. 

La preuve : « Locked Crush » est parfait, c’est un must, un tournant sur Child. Puis c’est au tour de « Low ». Non, ça ne va décidément pas fort, cette vie-là - le réel. Dormir dans son lit d’ado (avec la même housse de couette qu’au lycée : celle ornée d’un dessin de faux Michael Jordan qui dunke) regarder au plafond, fumer par la fenêtre sinon les parents vont gueuler.

« Bumper Sticker » laisse la place au synthé pour démarrer. Très British, très inquiétant, cinématographique (c’est un morceau instrumental). On aurait pu inventer quelques nappes vocales sur celui-ci mais il préfère disparaître dans un fondu sans laisser de traces. Comme ce passager qui était descendu du car avant nous. À quoi ressemble donc sa vie ? 

Déshérence sans errances, sans ratés sur Child, dont on laissera pousser les branches généalogiques vers les destinations qu’elles souhaitent. Il est trop tôt pour connaître les héritiers de Paper Tapes - à part nous, public en plein vague à l’âme - les amateurs de douceur à la fraise tel le parfum de cette glace qu’a dessinée Simon Heller pour la pochette de ce premier album. De petits instants de grâce, un cornet croustillant, un ciel bleu, un voyage, et cet album comme bande originale de notre homecoming dégoulinant de « et si »

Ce sera sans doute la scène, les lives, qui officieront comme scotch inaltérable de ce projet entre son public et Paper Tapes. On est impatient de les y découvrir tant la balade démarre sur d’aussi inspirantes mélodies.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.