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Sortir de la bulle tout en voulant respirer dedans, exercice de contorsionniste, soit, l’idée saugrenue d’être a la fois externe et interne, le cri du silencieux, le geste de l’inerte, c’est un peu comme mettre la tête dehors dans la voiture, créer un nowhere land instantané et éphémère. Sortir de la bulle c’est marié le vin et la viande, la folk et les demain câblés, oser un pas en apesanteur, tenter le vol sans se déraciner. Low anthem tente le vol, après plusieurs disques tant intimes qu’ils n’en sortaient pas de chez eux, après des timidités qui bloquaient leurs ouragans, après quatre ans a relier les points, ils découvrent aujourd’hui le dessin complet qu’est « Eyeland » cette collection de sensibles voix emportées par les électrons, de délires soniques, d’introspection sismique et ces rockabillies versions troisième millénaire, ces fiançailles de rêveurs et de labeurs, barroquement déjantés, ions libres, n’en faisant qu’a leurs têtes sans avoir cette dernière sur les épaules, en dehors-dedans, « Eyeland » sort d’eux et vous rentre dedans. Encore faut-il être prêt a ces compositions « daliniennes », a ces univers incompréhensibles où la beauté a d’autres multiples notions, il faut être préparé aux voyages extracorporels, aux chez-nous extra-sensoriels, a un psychédélisme au-delà du son, a un électro charnel, il faut, sans doute, ouvrir la possibilité d’une sensation qui va bien plus loin que l’ouïe. Aussi est-il illogique qu’en étant leur disque le plus ouvert, il ne se comprend qu’enfermé en lui, mais la logique leur ferait défaut, la logique les rendrais quelconque. En effet, rien, a part peut être certains chants très folk (Into the Eyeland – Beyond the airport mirror), ne nous laisse comprendre la dérive, le voyage que notre inconscient fait le temps de ce disque, mais il nous entraine, chahutant de clairs moments d’orfèvres artisans en intenses folies de génies. Low anthem soigne ses sons, ce style de musique-jeux est fragile, sans équilibre ni filet pour amortir les émotions si elles choient, et ces acrobaties sont dangereuses, une fausse idée, et le disque redevient humain. Quand il sent qu’il peut vous faire perdre de vue le sens de cette création, Ben Knox Miller et ses acolytes, vous envoient une nuée de musiques compréhensibles easy-listening pour nos cerveaux, avant de vous relancer dans le surprenant, et mélangent les hauts et bas d’une montagne russe de pur art, comme ils mélangent leurs envies intérieures et leurs désirs externes. Du coup, c’est comme sortir d’un sauna et se jeter dans la neige, comme se cacher sous les draps avant de partir pour l’espace. Low anthem se plait donc dans l’onirisme et en tire le nectar, cette vérité, que personne ne dirige un rêve, il peut être a sa guise, sage, ou capharnaüm, travaillé comme accidentel, dehors, comme dedans (poser sur nos oreilles le sage et plaisant « In the air hockey fire » juste avant ce déroutant « Wzgddrmtnwrdz. » aux redoux Beatles ivres-morts, est plus qu’un acte suicide, un fascinant ouvre-boite sensoriel). Qu’il est donc beau, cet univers interne de ce groupe, puisqu’il crée des vibrations de toutes sortes sur nos chairs, qu’il est donc beau, cet univers extérieur, puisqu’il rapte nos âmes on ne sait-où. « Eyeland », est un grand retour de ce projet, c’est finalement une extase entrecoupée de réel, sans pour autant dévoiler dans lequel des deux réside la beauté, ni où vie la folie, et nous, petits atomes pris dans ce courant-contre courant, de nous régaler en dedans et en dehors de leur bulle.




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