> Critiques > Labellisés



Entraînants et néanmoins touchants, tels sont les textes et mélodies que compose Matias Enaut. « Ses yeux c’est fou infiniment son charme ». On trouve ce zeste de suspense dès le premier titre avec « ses mots résonnent encore dans toute ton âme », qui nous pousse à partir en balade sur Éclats…

Pour y trouver Matias intrigant sur le chant - sur le flow - mais ce qu’il dit est tellement juste, tellement uni au réel, et harmonieux (les deux faces de la proue d’un même navire) que l’on ne peut que se laisser aller à suivre la route scintillante d’ Éclats. Son album est séduisant, aimable comme s’il faisait déjà partie de la famille des chanteurs pop qu’on aimait sans le savoir. C’est précis : on entend qu’il s’applique à ce qu’il trafique, avant, pendant, et après.

Tout comme on devine que deux fées (l’une électrique, l’autre électronique) se sont penchées sur les claviers, sur la guitare. Et sur ces syncopes appropriées qui rythment les chansons d’ellipses amusées. Comment définir l’esprit de ce disque ? Joueur ? Jeux de mots, jeux sonores, jeux de lumière dont les éclats nous obligent à plisser des yeux, voire à porter des lunettes de soleil.

C’est un éblouissement. On trouve un soupçon de Murat (Cheyenne Autumn) sur Éclats. Pourquoi ? Aucune idée, une impression comme ça. Douze titres soigneusement choisis, alignés en crescendo. Nous voilà surpris, puis happés dans une valse qui semble ne jamais devoir se terminer : est-ce-que minuit va sonner après la douzième chanson ? On ne sait pas où on va, peu importe « nuit blanche la lune la correspondance » tous ces sons timides se rencontrent comme autant de citadins qui ne se bousculent pas - non - mais se frôlent dans une indifférente tendresse « Comprendras-tu un jour la langue des oiseaux ? Le bois flotté sur l’eau, les roseaux » ? 

Matias Enaut en piéton au plus près de la nature, observateur silencieux, skateur sioux, faiseur d’une musique douée d’une rare qualité : l’humilité. Pas de leçon de morale avec lui, zéro principe asséné à coup de formule fracassante. « À chaque jour son lot de vanités, zoom sur la vacuité »

Des constats comme ça Matias Enaut en saupoudre plein les titres d’ Éclats tout doucement, modestement. Rien d’énervé ; que des merveilles, de la justesse et beaucoup « de cette révélation tardive pour l’interprétation des mots » dixit le site internet de Grand Musique Management. Ici c’est à nous auditeurs que se révèle l’intérêt de sa prose musicale. 

« Je veux danser sur l’eau (…) à perte de vue mon chagrin plane » murmure-t-il. Composer, enregistrer, arranger, mixer. Et nous offrir une expérience sensible pas très éloignée de ce qui se passe dans Sabine (fiction de Sylvain Robineau) dont Matias Enaut avait composé la b. o. en 2015. Un disque comme une bulle de savon qui serait moins fragile qu’elle ne le paraît.




 autres albums


aucune chronique du même artiste.

 interviews


aucune interview pour cet artiste.

 spéciales


aucune spéciale pour cet artiste.