On va faire table rase des à priori sur la French Touch, mouvement O combien hexagonal et réducteur, caractérisé à l’époque par des journalistes paresseux soucieux de se montrer à la page, quand leurs rêveries rockeuses (non, Morrissey ne produirait plus rien de potable après « Your Arsenal ») et leur jambes vieillissantes retrouvaient l’âge d’or oublié des New Order et consorts (je suis snob mais je danse à Madchester) : il est temps de laisser son cerveau et son sens (trop) critique au vestiaire, quiconque a pris des acides saura à quel point il est bon de se tenir debout quand les sensations sont en vrac.
Évidemment, si musicalement il y avait peu à reprocher à ce renouveau électronique (gosses de boomers, réalisant tardivement que Jean-Michel Jarre mâtiné d’Ottawan, bah c’était enthousiasmant), la formule étant (mondialement) connue, le chant souvent aura posé problème, transformant tout, tout en soupe variétoche – à l’instar du canadien Andrew Huang, qui chante comme Phil Collins sur « Edge of Time ».
Les collaborations sont le point faible d’un « Yes Future » au titre pas si con : le nihilisme, trop facile, le futur, on a grandi avec, on en veut tous, on veut tous du futur, le futur de tous, avec tous. Mais l’auto-tune, mais le groove convenu, mais les intervenants chelous (Sophie Tith, My Dear, Alain Chamfort, etc.) et les sons datés nous ramènent plutôt vers le passé.
C’est con, les instrumentaux sont bons, juste désagrégés par des vocalises la plupart du temps ignobles, on se dit que si seulement Simon Delacroix s’étaient contenté de produire de la musique et d’échapper aux pièges du featuring, on s’éclaterait sur les cimes d’un Vitalic aphone. Et donc on sent bien qu’en 18 titres - c’est long, oh putain que c’est long - The Toxic Avenger convoque ses démons électroniques et ses phantasmes madonniens, mais n’est pas Mirwais Stass qui veut, ou qui peut. Le morceau introductif - (« Getting Started ») était tellement canon qu’il me donne pas mal de regrets- il sera dans mon TOP20 de l’année : voilà un album que j’aurais aimé aimer, mais non, bien cordialement, je dis non, « Yes Future », trop long, trop bavard, trop de trop, trop d’un futur passé.