Le guitariste Francesco Giudici et l’électronicien Daniel Drabek se seraient croisés dans un ancien bar frontalier de Mendrioso, petite ville suisse située dans le canton du Tessin, réputée pour son commerce – l’on y viendrait pour acheter des cigarettes, boire des cafés et déguster des franzinis comme au bon vieux temps (quel bon vieux temps ? Quand ? Où ?) - et ses rues éclairées la nuit par des peintures translucides.
La Suisse est un patchwork de langues et de paysages, fruit d’une histoire complexe, unifiée par un territoire contraignant, hautaine en sa quiétude, magnifiée par Thomas Mann (« La Montagne Magique ») et Charles Ferdinand Ramuz : croisée des chemins et cul-de-sac, elle se raconte tout aussi bien à travers les boucles de synthétiseurs acides de Daniel Drabek que dans les volutes arpégées composées par Francesco Giudici, à la lisière du post-rock et de la noise. En découlent cinq titres travaillés au corps par leur ami Marco Milanesio, dont le travail d’épure se fait orfèvre et rend aux instruments leur essence initiale, leur sève, leur pureté savoureuse. « Mascettinoise » est un beau rendez-vous entre deux musiciens talentueux, l’on se verrait bien assis à leur table, à Mendrioso, flagornant le temps présent et contemplant aux alentours des montagnes apaisées que le rock synth-drone de Francesco Giudici et Daniel Drabek aurait pacifiées ; point de nuages à l’horizon, autres qu’électriques, ou synthétiques.