Oh, comme le temps passe vite ! En janvier 2009, ADA chroniquait « Secular Works », premier album Extra Life, publié quelques semaines auparavant par le label Planaria Recordings : « (…) le fruit d’un mélange saugrenu, la passerelle improbable entre un math rock moins haché qu’à l’accoutumée et un chanteur qui a dû choisir un soir entre écouter Kimera et The Smiths et, ne pouvant se résoudre à choisir, se plongea dans les deux. ».

A l’occasion de leur reformation (le groupe s’était dissous en 2012 – pour le coup, même remanié, il porte bien son nom), les New-yorkais nous reviennent cette année avec « Secular Works volume 2 », l’occasion de retrouver le chant si particulier de Charlie Looker, par ailleurs cofondateur de Zs et collaborateur occasionnel de The Dirty Projectors, M Lamar et Glenn Branca.

A ce propos, n’hésitez pas à visiter sa page Youtube (Charlie Looker’s Last Things), sur laquelle il évoque sa carrière et ses collaborations, débat des mérites de tel ou tel groupe (Death In June vs Current 93), invite des artistes amis, donne des cours de musicologie et reprend même du Billie Eilish.

A travers les sept titres de ce que l’on peut considérer comme étant un album à part entière et non une simple séquelle à « Secular Works », ce sont des siècles de musique qui se présentent à nous, le prolifique Charlie Looker ayant nourri le dernier opus d’Extra Life de métal progressif, de classique contemporain, de free jazz, de fanfare cabossée et d’étonnantes inflexions médiévales.

Toujours accompagné du fidèle Caley Monahon-Ward, préposé aux arrangements de cordes, il s’est adjoint les services de Toby Driver (Kayo Dot) à la basse et, à la batterie, de Gil Chevigné (Helium Horse Fly – dont l’album « Hollowed » de 2019 fut chroniqué en ces pages), des pointures qui lui permettront d’assouvir son inextinguible soif d’expérimentations bariolées, auxquelles des cuivres bienvenus, cor et trompette, apportent une coloration appréciable.

De prime abord complexe, tant les pistes suivies par Extra Life sont nombreuses et vous dispersent aux quatre coins d’une carte en perpétuel mouvement, « Secular Works volume 2 » - une fois tolérée la singularité du chant de Charlie Looker - se montre passionnant et appellera très certainement d’autres écoutes, au fil desquelles l’auditeur poursuivra une exploration qui devrait le mener loin.