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Qu’y a-t-il de plus réjouissant que d’entendre une complicité et une fraîcheur créative évidente s’installer entre deux entités musicales qui pourtant ne sont pas des perdreaux de l’année. D’un côté Pepe Wismeer un duo ardennais qui depuis plus de vingt ans et une bonne dizaine d’albums livre une cold ambient dont la résonance a depuis longtemps dépassé les frontières de l’Europe. De l’autre Thierry Müller qui lui depuis une cinquantaine d’années travail et fonde ses recherches autour de l’électro pop et de son versant le plus dark. La réunion réjouissante sur le papier de ces deux univers, ne devait pas nous mener vers une hilarité conjuguée à un optimisme béat, et ce n’est pas le cas. Car en dépit de son titre qui pourrait faire douter un roi de la contrepétrie si vous lui proposiez la possibilité de pouvoir décoder (L’Écho des Chiens Dans le Sang de la Tactique), ce disque est une plongée dans un univers inquiétant (entre Lynch et certains contes Russes du siècle dernier). Mélangeant langue sans territoire, érudition à la combustion spontanée, poésie à la versification elle-même tétanisée par l’ambiance, le projet nous questionne à chaque instant, rajoutant à chaque moment le bruit ou la note, le son ou le mot qui nous fera même douter de la suite à donner à tout cela. Nous attrapant çà et là par une ligne mélodique qui semble arriver et fuir aussitôt (Comme sur le « tubesque ! » « Unicyconic Icon » ), vivant dans la crainte de finir dans un univers aussi obscur qu’onirique par transparence.

Paradoxalement, cet univers, qui sur le papier semblerait hermétique, est capable d’accueillir même les plus réfractaires des mélomanes ne concevant la musique que comme une suite métrique et logique. Comme dans un aventure romanesque, le disque est chapitré de façon à nous entraîner dans une histoire possible, la narration devenant au fil du temps une option inutile, l’atmosphère recouvrant tout.

On notera que l’objet en lui-même est déjà une rencontre rare, un double cd format 45 tours (un second cd de deux improvisations d’une vingtaine de minutes chacune « No Re Re Night Fever » mélangeant structure presque pop et ambiant planante), avec des cartes postales glissés, comme autant d’autres pierres, et non pas flèches posées par le trio, nous guidant dans un chemin possible, sans nous dicter la direction. Un disque pesant et puissant, un conte musical dans une forêt magique, une collaboration dans des brumes intrigantes.




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