Qui donc aurait imaginé que Mercury Rev, à l’époque où le groupe enregistrait des albums fracassés avec David Baker en leader psychiatrique, finirait par devenir le Supertramp des années 2000 ? Ce fut pourtant le cas. A croire que l’écriture miracle d’un chef-d’œuvre (Deserter’s Songs, bien sûr) pouvait également conduire à une imprévue mise à mort : depuis ce tourbillon elfmanien, l’estimable Jonathan Donahue s’est donc imposé tel un sérieux concurrent aux sandwichs fraises / Kebab confectionnés par les épouvantables Archive. Rien de pire que d’éprouver une nausée face aux dernières chansons d’une formation hier majeure mais que l’on n’écoute aujourd’hui qu’en catimini (par peur que les voisins ne nous prennent pour des fans du Floyd Gilmourien).
Sans doute conscient du Gloubi-boulga qui servait de mets principal durant ses deux (trois ?) précédents albums, Mercury Rev, avec The Light in You, cherche à calmer les ardeurs grandiloquentes pour, éventuellement, revenir à plus de simplicité. Sauf que les comptines de Noël propres à Jonathan Donahue, à défaut d’évoquer un prog rock qui ne s’assume pas, renvoient dorénavant au douloureux souvenir des Petits Chanteurs à la Croix de Bois. Gentillesse dégoulinante, compositions Bambi, sucreries pour jeunes vioques : un disque spécialement conçu pour Tom Hanks ! Car même à taille humaine (du moins, s’il fallait comparer ces onze titres à l’emphatique Snowflake Midnight), Mercury Rev ne peut toujours s’empêcher d’en faire… trop (sur un mode « grand-mère comme je t’aime »). Résultat : certains morceaux rappellent le mémorable Un Dimanche à la Campagne du crouton Tavernier, d’autres n’incitent qu’à bazarder cette chose niaise et chiante pour se purger face à quelques nouveautés autrement plus recommandables. Car d’Aldous Harding à Robert Forster, de New Order à Twilight Sad, y a de quoi s’épargner l’inéluctable déliquescence d’un grand groupe totalement has been.