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Alors que ressort ces jours-çi une version Deluxe qui mérite bien son nom de ce joyau qu’est "Crève-Coeur" de Daniel Darc, on peut prendre conscience de l’impact qu’a pu avoir l’auteur de "Paris" sur la scène française. Venu du Punk, Daniel Darc n’avait plus grand chose de ce mouvement dans sa musique. Sans doute, les vestiges de sa rebellion étaient à chercher dans sa manière de se présenter au monde.

A l’écoute de "Une Introduction à Centre Du Monde" de Centredumonde, on retrouve cet esprit D.I.Y ici supporté par la science de l’invention de John Trap.

Entre les blagues de potache à tiroir ("Petit punk en plastique") et des divagations en mode Lo Fi ("Un hiver de merde"), on sourit un instant pour dans la seconde qui suit être saisi par ce don à savoir capter le banal dans une image, de faire basculer le commun dans le particulier, cette nostalgie des chambres louées.

Puis il y a cette voix blanche, comme en neutralité entre la frontalité et un désespoir trivial. Pas de cynisme, pas d’auto-dépréciation lénifiante, pas de flagellation nombriliste. Peut-être plus un jeu avec l’amertume, plus se jouer de l’amertume.

Jouer avec les codes et les genres, s’amuser aussi en malaxant les matières usées et mille fois entendues du "Never Let Me Down" de Depeche Mode pour ensuite prendre en cours de route Blaise Cendrars. Quand ne surgit pas Pinback avec une mélancolie sourde derrière le sourire.

Parfois apparaissent des miniatures à la naïveté assumée ("Le Serpent") mais avec cette pincée de folie qu’expérimentent les êtres sans raison. On retrouve ici et là l’étrangeté de Mathieu Boogaerts ("Jacques Atomique").

Musique régressive, subversive et expressive. Une impression d’incohérence tenace mais bienvenue s’installe à l’écoute de ces 20 titres généreux. Comme le résumé d’une vue panoramique d’une large période créative entre 1997 et 2012.

Peu de choses communes entre le "Bimbadaboum" touchant et "Ne Rien Expliquer" que Matthieu Malon aurait pu composer.

Se glissent parfois des références comme des clins d’œil entre les interlignes au "Leave Me Alone" de New Order ("La Nuit Me Tombe Des Mains")

L’attachement que l’on peut ressentir pour un disque est parfois difficile à expliquer ou même à comprendre. Ce sont des formules magiques qui ne s’adressent qu’à nous qui nous font entrer en identité avec l’autre.

"Plonge entre mes cuisses. Avale tout ce que tu peux. Le corps humain n’est qu’un prétexte à l’épanouissement de ses orifices."

"Une Introduction à Centre Du Monde" est un trip hallucinant comme Daniel Darc l’aurait aimé, un pied dans le vide, l’autre sur le tranchant du rasoir, un pied dans l’inertie, l’autre au centre des choses, au centre du monde.

http://www.lestudiofantome.com/Centredumonde.html