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Si lui il est empereur, moi, je suis le roi de la procrastination de la révolte. Mon crédo à moi, mon crédo de base, mon manifeste, mes slogans phares qui marquent l’esprit, c’est "Si je pouvais je lui dirai", "Il va voir ce que je vais lui balancer" mais entre les mots et les actes, il y a un grand pas pour l’humanité que je ne sais pas négocier.

Alors autant lui préférer la mesquinerie confortable, l’anonymat vipérin, le camouflage hypocrite ou le sens de la rondeur du verbe.

Quelque soient les situations, mon comportement s’adapte aux uns et aux autres, au service de tous. Je ne suis même pas une serpillière, tout juste un plumeau qui se dilue en non-dits et en flatteries.

Je ne suis pas grand chose, la combinaison mal habile de mes médisances, de mes sarcasmes bas de plafond et puis surtout il ne faudrait pas que l’on m’entende, il ne faudrait pas que je me mette en difficultés. Non, là , cela ne me ressemble pas. Je n’ai pas le courage du bison qui se jette dans le vide ni le caractère téméraire de celui qui a une opinion.

Non, je n’ai pas une opinion, j’en ai mille... Je n’ai pas un seul profil, j’ai celui que vous voulez que j’ai...

Je ne suis même pas un caméléon, un rat peut-être...

Un occupant des activités souterraines, de ceux qui s’infiltrent et glissent leur fiel envieux...

Aussi quand j’ai pris ma plume pour vous donner mes impressions , forcément dans mon esprit attendues de tous, du dernier Marilyn Manson, j’espérais avec avidité enfin pouvoir répandre mon fiel mielleux. Moi qui jamais n’y parviens, là, pour une fois ou presque, j’étais bien décidé. Il allait voir de quel bois je me chauffe l’autre jus de boudin antillais de zombie d’Halloween, euh, je parle de Brian Warner... Il allait voir, oui... Enfin un peu... Enfin peut-être. (Même si sans doute il s’en fout et qu’il ne lira jamais les diatribes assassines d’ADA).

N’écoutant que tout mon courage de pleutre et de couard, je savais en prenant la plume que j’allais lui balancer ses 4 vérités à l’autre gougnaffier, l’auteur d’"Antechrist Superstar" qui peut-être un jour avait bien représenté le revers pervers d’un certain rêve américain qui caricaturait avec Maestria l’american way of life et ses icones... Qu’est-il devenu aujourd’hui si ce n’est une caricature de ses caricatures ? Il allait voir le gars acheté par le système hollywoodien, il allait manger dans sa gueule et sévère encore !!!!

Lui qui avait tout piqué à Trent Reznor ? Le même gars Trent qui s’en sort finalement mieux (et pourtant c’était pas gagné !!) avec des B.O classieuses pour David Fincher.

Il allait voir l’autre pequenot de redneck de mes deux gonades, cette Alice Cooper de pacotilles accompagnée de son public de pucelles beuglantes. Ce public qui va au concert comme on va au Zoo, pour avoir sa dose de primitif, de (ecole) primaire, de sale, de crade.

Il allait voir l’autre bachibouzouk hydrocéphale autrefois figurant de luxe dans Lost Highway promis aujourd’hui à toutes les télé-réalités. J’allais lui passer l’envie de l’envie à l’autre Nazbrock !!!!

Non mais... Voila ça c’est dit !!!

Puis je commençais à écouter le disque .

"The Pale Emperor".

Et ben merde...

Moi qui espérais enfin vomir sur un disque, dire combien cette rage n’était que de l’esbroufe, de l’effet de manche pour gamins néo gothiques boutonneux prépubères. Force est de reconnaître que Papy Manson et son portrait d’une famille américaine ont vieilli et pris quelques rides. Un peu de gras peut-être mais comme le bon vin, il a plutôt bien mûri. Pas de goût de bouchon.

Du "Killing Strangers" en ouverture qui rappelle les ballades malades de Nick Cave période "Tender Prey" au "Deep Six" noise et inventif, Marilyn me rabat la caquet et gentiment encore. Oui mais c’est pas un bon début qui va m’empêcher de le renvoyer à ses chères études, l’autre empapaouété... Il veut de la leçon de vraie perversion, qu’il aille discuter avec l’autre enfant de choeur de Burzum qui peut avoir la gachette généreuse et quelques idées un peu arrêtées. J e cherche des arguments pour répandre mon acide mais là où je pense choper un angle d’attaque, il me séduit par son inventivité. Il fallait penser à mélanger des textures du Velvet Underground avec la mathématique allégorie de Tortoise.

Pourtant, je lui ferai bien bouffer ses fèces à l’autre agité du bulbe mais même côté grand guignol et monstre de foire à deux cents d’euro, il a mis la pédale douce.

Bon certes, on n’est pas dans la délicatesse extrême ni dans le raffinement absolu mais bon, on ne va pas chez Marilyn Manson comme on va chez Lambchop.

Alors, je ravale ma salive amère,je ne vais pas vous dire que c’est un grand disque mais ce n’est pas la petite enième chose médiocre que j’attendais. C’est un petit objet plaisant sans inventions mais toujours attachant d’un gros pequenot de redneck à qui un jour, je vous le promets, je ferai manger sa M...e.

Je l’aurai, oui, je l’aurai....

www.marilynmanson.com/




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