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Ouvrons nos mémoires, rappelons- nous ces carnavals, ces défilés de cirques, chars fleuris et feux d’artifices, qui masquaient a nos yeux d’enfants ce gris trop réel des murs citadins, le goût vrai des problèmes, les maux de l’humanité. Rouvrons ce coffre de nos trésors puérils au son de ce groupe. Un défilé, c’est une suite de protagonistes qui sont autant d’histoires, colorés et sucrés pour les mômes, d’accès facile à première écoute, traitement onirique des vies, des sons clairs et éclairés, mélodies brillantes a emporter, voix humaines d’émotions simples. Mais attention, cette parade vouée à la déesse de l’amour est comme elle, á la fois généreuse et cruelle, aussi brillante qu’obscure, on sent sous la couche bariolée de peinture des chars, des oxydes, des brulures, cette pop couvre des plaies rock, et les protagonistes sont autant des idoles que des loosers.

Dans ces petites histoires trainent des rêves d’Amériques perdues, majorettes de tristes sourires, de distances trop dures. Ces narrations aux empreintes très saxonnes et prose si française, à la fois sortis de bars portuaires brumeux que des baroques salons familiers, (dans l’attente encore d’un dernier touché magique de Ian Caple). On déguise alors les noirs et blancs des mots dans de lumineux arrangements sonores, une culture unique á chaque membre de ce groupe qui unie chaque thème de ce défilé. Voila donc ce clown, âme des parades, qu’on ne saura jamais si triste ou joyeux, narrant depuis un certain surréalisme, nos propres émotions.

A.S.M.D Crée un disque de lampions colorants ces espaces fermés que sont les cortèges funèbres (Smoky Mourners), les intimes blessures (sordid tango), les limousines noires (black Limo), et les ouvrants aux grands univers (Felt foot wood), allant jusqu’aux infimes recoins du plaisir (Still worlds, un must) et les futurs heureux ? (By the dawn of Monday). Ouvrons nos mémoires, vous rappelez-vous ces nuits d’avant- fêtes ? Quand l’insomnie naissait des nerfs enfantins, qu’on attendait ce lever de soleil pour courir voir ces défilés multicolores, impatient devant l’événement ? A singer must die vous provoquera une fois et puis encore cette sensation, autant avant l’écoute, qu’après, ce défilé deviendra incessant pour la joie de nos mémoires.