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Deux ans après la détonation en forme d’interrogation " Is This It ", les cinq petites frappes les plus connues du monde pop-rock en ce moment sont de retour. Première surprise, la pochette. Il semble bien que les Strokes soient des experts dans le choix de l’illustration de leur musique. Après la gentille provoc minimaliste et limpide qu’était cette main gantée posée sur cette fesse féminine en 2001, " Room on Fire " arbore une complexité formelle accentuée, basée sur la déconstruction de carrés simples mis en rapport les uns avec les autres par le biais de symboles renvoyant au casino, aux néons de boutiques. Toujours donc cet élément urbain et branché, rapide, mais cette fois plongé dans un noir de nuit qu’on ne leur connaissait pas vraiment. Il semblerait bien que cette évolution entre les pochettes des deux premiers Strokes soit à mettre en parallèle avec celle de leur musique. Le son se fait plus dur, moins fluet et étriqué, la voix plus braillarde, les guitares plus saturées, les paroles moins légères. Mais surtout, conformément à ce que ne cessait d’annoncer Casablancas au sujet de ce deuxième album, l’accent est mis sur des chansons aux structures moins évidentes, plus réfléchies, moins directes. Evidemment, on retrouve çà et là (" The Way It Is ", " Under Control ") ,la simplicité rageuse du couple couplet-refrain qui avait fait la gloire de " Is This It ". Mais dans l’ensemble, on remarque une exigence de complexité nouvelle. Que cela soit clair, cette exigence-là explique en grande partie l’infériorité relative de " Room on Fire " par rapport à " Is This It ". Car si ce désir de déconstruction fonctionne à merveille, à coups de ponts imprévus et de refrains inespérés, sur l’inaugural " Whatever Happened ? " ou sur le reggae " interpolien " qu’est " Automatic Stop ", il s’embourbe plus sérieusement sur " You Talk Way Too Much ", poussif à l’extrême, " Meet Me In The Bathroom ", sans âme, et surtout sur " The End has No End ", où un refrain d’une platitude impardonnable assassine sans remords tous les espoirs fondés sur un couplet extraordinaire, débordant de promesses. Ne l’oublions pas, la force de la pop, et toute son énigme, tient dans son pouvoir de créer de la limpidité. Cependant, cela n’excuse pas pour autant la facilité des attaques conduites contre cet album dans la presse spécialisée ou dans l’ensemble de la Communauté indé. (Presque tous) les Strokes (pardon Nikolai) sont beaux, ils ont du succès, ils sont bien habillés, ils sont donc forcément des traîtres devant le programme " sinistrose pauvreté et anti glamour " de l’Underground Bien-Pensant. Malgré cet album en demi-teinte, les Strokes manient toujours avec autant de classe et de bon goût les références illustres (the Velvet Underground , Télévision, the Modern Lovers), et concoctent toujours autant de chansons formidables, férocement additives, vecteurs d’un éonisme naïf et pervers (le phénoménal " Reptilia ", véritable paquet de Prozac à lui seul, ou le ludique et débonnaire " 12 :51 "), qui restent sans égal dans leur genre aujourd’hui. Et dire que leur dernier morceau se nomme " I Can’t Win "….




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