Helluvah est en fait le nom choisi par Camille Warmé, unique interprète de ce EP, pour écrire, composer et se produire. La demoiselle nous offre donc ici cinq titres au folk tendu, réminiscent de PJ Harvey tant dans la voix que dans cette instrumentation acoustique mais rêche, comme si la fermière du Dorset avait décidé de réenregistrer ses démos comme elle l’a fait pour " Rid of me ". Le premier titre, " Story from the city ", ne trompe d’ailleurs pas et le joli timbre de voix de Camille, allié à une gratte folk et une ambiance sombre, crépusculaire, fait merveille. On pense aussi à Anna Ternheim, cette Suédoise à la sincérité et au talent désarmants, puis arrive " I saw a monster ", qui s’il avait été électrique, aurait bien figuré sur un album comme " Dry " tellement il se montre proche des morceaux les plus agités dudit album. Mais avec Helluvah, l’acoustique est de mise et le rendu, l’émotion sont les mêmes, si bien qu’à aucun moment on ne regrette qu’à l’instar de PJ, Camille ne privilégie le nerf rock à ce folk ombrageux. " Happy Valentine " le confirme avec brio, imposant une guitare acoustique vivace et un chant presque enjoué (si si !), même si la mélancolie et cette atmosphère tristounette prédominent.Un autre titre magique, " Throw myself on the sharp rocks ", (mon préféré) voit la six-cordes s’emballer sans pour autant exploser sur ce chant toujours envoûtant et une basse rondelette, puis " I got drunk at the Andy Wahloo " conclut brillamment, en utilisant la même recette -voix et guitare allant magiquement de pair- un Ep qu’on aurait voulu plus long tellement chacun de ses cinq titres suscite un vif intérêt. Et à l’écoute de ce dernier morceau, on se dit que si à chaque fois que Camille " gets drunk ", elle écrit de telles chansons, eh bien il ne nous dérangerait aucunement qu’elle se mette minable de temps en temps. En se mettant minable, elle se sublime et ce Ep en est la meilleure preuve. A découvrir absolument, une fois encore.