Hasard, coïncidence, destinée, fatalité, je ne sais pas, mais la traditionnelle session estivale de rattrapage musical me voit chroniquer en rafales une série de disques français à côté desquels chez ADA nous étions passés, faute de temps (on a des gros jobs à la papa, nous sommes des hommes pressés) ou faute de savoir prioriser, et donc, après les albums de Bleu Russe, Laurent Saïet et Signac, enfin je me penche au chevet du nouvel (et septième) opus de Nicolas Paugam, excentrique ardéchois solaire dont la précédente livraison (La Délicatesse, une sorte de best of acoustique), publiée l’année dernière, nous avait singulièrement captivé. Il faut rappeler que Nicolas est une figure bien connue de l’underground hexagonal, dont les premières traces discographiques remontent aux 90s, lorsqu’avec son frère Alexandre il fonda le groupe Da Capo, auteur en 1997 d’un Minor Swing publié par le mythique label Lithium, et que je me souviens avoir vu en concert à l’époque, à Brest je crois, oui les amis, ça ne nous rajeunit pas. Depuis 2015, Nicolas Paugam vole de ses propres ailes, avec une énergie telle qu’il semble avoir parcouru – musicalement parlant – la terre entière : sur La Balade Sauvage, la voix ivre de l’ivresse des grands sommets, sans contraintes ni œillères, il se lance dans une pop folk baroque et groovy (Je m’amusais), injecte malicieusement du hard FM dans une mélodie rappelant Daniel Balavoine (L’œil du tigre) ou cavale avec allégresse dans la savane (Dans ton thé). D’ailleurs, il met quoi dans son thé, Nicolas Paugam ? Il reprend le Bécassine de Georges Brassens, puis enchaîne avec le poignant Clavecin, avant une gorgée de pop yé-yé éraillée que n’aurait pas reniée Laurent Souchon. Vous allez me dire que j’abuse, avec mes références à la variété française mainstream, mais il y a dans cette balade sauvage aux arrangements inventifs, touffus et débraillés, un solide socle harmonique, doublé d’un lien fort entre textes imagés et textures sonores, que savaient magnifier des auteurs décriés dans les cercles initiés, les Michel Berger, Polnareff et autres William Sheller : à mon sens, Nicolas Paugam s’inscrit dans cette lignée d’artistes peu soucieux de chapelles ou de dogmes, tant que la musique est bonne. Singulier, certes, intriguant, certainement, réjouissant, assurément.