La photo de Laurie Anderson disparaît aussitôt que résonnent les échos vocaux savamment intégrés à des mélodies bazardeuses, les « bedroom recordings » entre autres morceaux que Julia Holter propose ici sur son album sorti en mars dernier.
Elle a déjà inventé quelques albums ces dernières années. Elle a étudié la musique - donc la composition - à l’université (du Michigan), elle vit à L.A., possède cette voix éthérée qu’une Julee Cruise ne renierait pas.
La bio importe si peu, et pourtant… Écoutons l’album Something in the Room She Moves. Flûtes aigries, basse élastique, percussions vintage, accords de synthés, voix désolée… « Sun Girl » est étrangement construit… Ce premier titre s’achève dans le lointain pour réapparaître aussitôt ! Méga-énervant ! Et c’est l’impression que donne l’album Something in the Room She Moves. Même avec l’apparition discrète d’un saxo, on ne peut s’empêcher de revenir à des compostions loin d’être discrètes d’une certaine Kate. De la petite Kate Bush qui, à treize ans déjà, écrivait tout, composait tout ce qu’elle arrangera plus tard (ou pas, d’ailleurs, pour ce qu’on en sait).
On reste hélas, un étranger devant cet album de Julia Holter qui ne parvient pas tout à fait à nous faire entrer dans sa chambre, ou alors si timidement que l’on n’ose pas s’asseoir sur le bord du lit. Le fait de compositions qui se voudraient minimalistes mais qui sont juste - à notre sens - jetées comme les graines d’un pavot sauvage dans un jardin public trop bien entretenu.
La voix de soprano de Julia Holter, en revanche, est de celles qu’on aimerait entendre plus souvent, peut-être sur d’autres compositions que celles-ci. Le partage de cet album avec un auditeur souvent dérouté se veut certes féministe, généreux, instruit, sincère mais il reste tellement déconnecté de l’époque qu’on se demande pour qui il a été sorti.