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Qu’il est fragile et dangereux ce moment pendant lequel votre épiderme se soulève légèrement, s’inclinant, pour laisser passer une brise légère, un vent froid, une humidité brûlante ou le venin du serpent de la dépression. C’est pendant ce laps de temps infime que Tout Bleu a conçu cet album, ou plutôt c’est pour celui-ci qu’il est écrit. Car « Otium » est un messager qui va entrer en vous, figeant vos infimes défenses, celles-ci devenant spectatrice de votre corps statufié. Ni antidote à un mal profond, l’électro-acoustique de Tout Bleu est comme une mère nourricière vers laquelle nous irions nous abreuver d’un carburant qui fait défaut (Ere de Rien) celui de l’émotion transcendante, la propulsion dans un autre moi, le parcours initiatique vers une félicité, non dénuée des ombres, mais tellement plus magnifiée par la patine d’un chant qui se forge dans une fonderie à la standardisation interdite.

À l’instar de cette pochette à la rêverie « Daliesque », « Otium » nous propulse dés ses premières notes, sans jamais nous lâcher, nous laisser libre de nos non-mouvements, nous autorisant de nous interdire de penser, de faire autre chose. C’est une solution divine, captivante, ensorcelante, une œuvre comme sortie du livre défendu d’un chef d’une tribu inconnue d’Amazonie qui expurgerait nos affects inutiles, nous laver (She’s Lost) pour nous permettre de nous retrouver (« Entre les Mots » la première pierre d’un édifice à déconstruire). Objet musical fort, tout aussi déboussolant que d’un accès facile (n’oubliez pas de laisser votre épiderme détendu.) cet album de Tout Bleu est une drogue intense qu’il vous sera difficile de vous passer, d’utilité publique évidente. Simone Aubert avec ce second album entre dans notre panthéon de la chanson française, celle où nous plaçons Lou et Brigitte Fontaine au sommet. « Otium » pour sauver le peuple. Magistral et profond.




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