Inutile de vous présenter de nouveau Yes Basketball, projet de Pierre Marolleau, nous l’avons fait sur la chronique de la première sortie (déjà chez Les Disques Normal). « Goodbye Basketball » premier album est le fracas que doit faire notre vie quand elle explose en mille morceaux et qu’il faut tenter de la remettre en état, des traces de lézardes partout, la fragilité consolidée avec une puissance rageuse qui n’a pas des gants d’un conservateur prenant un incunable, mais plutôt ceux d’un boxeur échappé du premier épisode Rocky, dans un quartier à l’insalubrité comme étendard involontaire. Ce disque est une combinaison hétéroclite faisant passer Mein Sohn Willliam pour un aimable bricoleur. Ici, le flow de Pierre semble être la seule bulle parfaite sur le niveau de cette reprise du bâtiment qu’est la vie. Avec celui, il ne laisse pas la tristesse prendre le pas, lui préférant une positivité mélancolique à une rage destructrice (le combat d’ « Anger Fear Happiness » est un moment prenant du disque, une bataille entre Fatima Mansions et le Gonzales d’avant les cours de piano).
Bruyant, bouillant et brillant, Goodbye Basketball est à l’image du superbe artwork de Yoann Buffeteau, ou de la chanson « Your Eyes Talk », un album coloré avec une ambiance tellurique qui pourrait désemparé les adeptes de la ligne droite lumineuse sur le sismographe (« To Dream and Forget » va en inquiéter plus d’un). Les onze plages rebondissent, s’approchant souvent de la raquette dangereuse de l’art pour l’art, dessinant un plan d’attaque aussi flamboyant qu’efficace (« Hairdressing » épate par ses arabesques soyeuses.), jouant avec une ligne mélodique, la déconstruisant pour mieux contourner les règles d’un jeu trop réduit à son face to face. C’est un disque sur le chaos, mais plutôt que se plaindre, Pierre Marolleau, avec l’aide d’une dream team épatante, fait de ce choc, l’occasion de reconstruire, une belle leçon pour nous tous en cette période d’un possible et souhaité monde d’après.