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Si l’entrée en matière d’un disque est fondamentale, elle ne doit pas effrayer les mélomanes aventuriers. Ouvrir son album avec un single qui tournera en boucle chez les programmateurs zélés, est la garantie que l’auditeur ira plus loin, même si il s’arrête rapidement pour revenir sur ce qui fait mouche. Ouvrir par « De Là » est quelque chose de très remuant, pour ne pas citer le fameux « Remué » de Dominique A. Commencer par cette chanson peut être la moins hospitalière, c’est presque un acte artistique en tant que tel. C’est rude, aucun angle n’est arrondi, mais une basse reptilienne s’insinue pour que les rouages de ce titre à l’épure sous-jacente finissent par nous prendre avec le temps. Et du temps, il nous en faudra pour apprivoiser ce disque, à moins que ce soit lui qui le fasse. Avec « La Tempête » Clarys, parle sur une boucle acide qui semble se décharner dans nos oreilles, parle du corps comme un écosystème qui ne survivra que grâce à une chaleur intense, celle de l’amour. « Je me Fais » est une rencontre entre le Noir Désir de « Des Visages des Figures » et un univers anxiogène qu’un vrombissement percutera pour donner naissance à une seconde partie presque tribale, véritablement désarçonnante dans son versant visionnaire. Naturellement nourrie par le rock d’ici, par des allégories bashunguienne qui accompagnent « Mal Né » qu’elle continuera de tracer une ligne à suivre pour éviter de se perdre. Car il est difficile de ne pas se perdre dans « Le Désert » dans lequel Clarys manie la tension provoquant quasiment l’assèchement du propos, faisant naître une tempête de sable recouvrant tout. Mais elle s’infiltrera comme une brise légère. La thématique de la boucle est évidente, et « Tourner » en sera la confirmation, comme la création d’un tourbillon pour enfin apercevoir la lumière (Mes Lueurs). Chaque instant semble être le dernier. Sans trop théâtraliser, Clarys joue un acte important, sa peau comme le livre, s’étendant jusqu’au déchirement possible.

Dans ce peut-être trop plein d’émotion, arrive Peter Milton Walsh, qui en français donne à « Une Moment sans Répondre » (texte de Yann Kouton), non pas un exotisme savoureux, mais canalise la tension, en l’absorbant, nous rendant une chose tout aussi déroutante que subjuguante de beauté inquiétante. Ce titre est un monstre, une danse en spirale d’un prédateur qui n’aurait plus envie d’en découdre. Au moment de nous quitter via « Memento Mori » Clarys, habille le silence pour que nous la suivions dans le noir, sans un mot, sans un bruit, juste une ligne post-rockienne des plus accueillantes, comme pour nous donner la clef d’un retour à « De Là », faisant de ce parcours rock, une boucle de laquelle nous aurons du mal à nous extraire.




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