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Quand suite à une conversation sur les réseaux sociaux, l’adorable patron d’Ici D’Ailleurs, Stéphane Grégoire me propose fin juin un lien pour l’écoute intégrale du nouvel album de Matt Elliott, "Only Myocardial Infection Can Break Your Heart", j’accepte avec un enthousiasme plus que débordant...

Je crois bien que mon plafond s’en souvient tant le bond que je fis sur mon siège fut remarquable !

Est-il nécessaire de vous dire que j’empressais d’écouter l’objet de notre attention du moment... Cet album m’accompagna tout mon été et l’automne... Avec "The Broken Man", l’anglais avait atteint des sommets de noirceur qui reléguaient Tim Hardin au rang de gai-luron rigolard.

ce qui frappe dès les premières écoutes de ce nouvel album, c’est l’épure apaisée dans la musique de Matt Elliott avec cette odyssée inaugurale "The Right To Cry" qui convoque à la fois le Stanley Myers de "Cavatina" et les vieilles marottes balkaniques chères à l’ex Third Eye Foundation...

Un peu comme la rencontre improbable de Taraf de Haidouks et de David Sylvian.

Là où "The Broken Man" marquait une forme de soumission face au désespoir glaçant, "Only Myocardial Infection Can Break Your Heart" réaffirme le combat à mains nues face à ses névroses oppressantes, face à ses frustrations qui limitent, face à une colère par trop rentrée. C’est le combat d’un homme qui relève cette échine trop longtemps courbée...

C’est le combat d’un être déchu de tout le superflu qui s’extraie de la boue fangeuse pour revenir de tout, lavé et immaculé.

"Reap What You Sow" prolonge ces impressions de douceurs qui rappellent les ambiances sonores du premier album de Matt Elliott, "The Mess We Made", le désespoir frontal en moins... Avec cette voix pénétrante en nos profondeurs intimes.

L’instrumental "I Would Have Woken You With This Song" vous tirera les larmes jusqu’au sang quand "Prepare For Disappointment" vous ramènera à des ballrooms déserts et désuets dans des stations balnéaires anglaises pluvieuses des années 30 avec des rappels des "Howling Songs".

Il y a toujours eu quelque chose d’expressionniste dans l’univers de Matt Elliott tant dans les visuels de ses pochettes que dans ses mélodies, ce que vient confirmer "Zugzwang" aux accents de Gospel berlinois.

Chez Matt Elliott, il y a toujours ces voix qui s’entremèlent comme sur cet "Again" presque positif et vindicatif comme le regard d’un homme face à l’horizon.

" Nothing’s finding the worst to say and Nothing is far away"

L’Anglais termine ce bel album avec ce "De Nada" comme une manière d’exercice de style où il sublime des vélléités de crooner à la Richard Hawley.

Nous sortons d’un album de Matt Elliott souvent épuisés, certes toujours admiratifs de tant de beauté mais éprouvés dans nos chairs... Nous pourrons désormais rajouter au vocabulaire autour de l’artiste d’Ici D’Ailleurs, apaisés et ragaillardis avec cet homme qui semble être au diapason de l’écho de nos saisons du fond de soi...

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